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A qui profite le crime ?

par Kharroubi Habib

Le régime syrien avait-il un intérêt à commettre un acte de guerre indéfendable et qui plus est contre un convoi humanitaire sous pavillon onusien qui braquerait irrévocablement contre lui les opinions au sein de l'Assemblée générale des Nations unies devant débattre justement de la situation dans son pays et que ses représentants ont saisie pour qu'elle condamne les bombardements de positions de l'armée syrienne effectués par l'aviation de la coalition menée par les Etats-Unis. Pour sûr que non et seuls les Américains soutiennent que la destruction de ce convoi humanitaire qui a fait aussi mort d'hommes voués à porter secours à la population civile d'Alep réduite à vivre dans d'insoutenables conditions, est son œuvre et tant qu'on y est de son allié russe.

Le crime est odieux et suscite l'indignation ainsi que l'exigence que lumière soit faite sur qui en est responsable. A ceux qui se sont empressés dans le sillage des Américains de pointer qui le régime, qui son allié russe, il faut leur étaler sous le nez l'évidence que la destruction du convoi humanitaire près d'Alep a « opportunément » détourné l'attention internationale du grave et illégal fait de guerre qu'ont été les bombardements aériens opérés par la coalition conduite par les Etats-Unis sur les positions de l'armée syrienne. Ils ne peuvent nier que l'attaque contre le convoi humanitaire est venue à point nommé offrir à Washington de faire écran sur les agissements illégaux et sanglants de la coalition en surfant sur l'indignation qu'elle suscite et à l'orienter contre le camp du régime syrien en le présentant comme auteur du méfait inhumain qui en en est cause.

N'est-il pas étrange, et de ce fait incitant à ne pas prendre pour argent comptant les accusations systématiques de ses adversaires à chaque fois que le régime syrien parvient à redresser une situation militaire ou diplomatique jusque-là à son désavantage ou qu'il engrange de francs succès dans la guerre que lui font ses multiples adversaires ? Il se produit en Syrie des évènements qui sidèrent et répulsent l'opinion internationale par la barbarie dont ils s'accompagnent et dont la responsabilité lui est automatiquement imputée avec pour seul argument faisant office de preuve qu'il est dans sa nature de ne pas reculer devant l'horreur du crime contre l'humanité.

Il faut nécessairement rappeler à ceux qui se laissent prendre à cet argument dont usent les ennemis du régime dans leur guerre totale contre lui que les Américains qui fondent sur lui la justification de leur intervention aussi illégale que criminelle en Syrie ont été quasiment à chaque fois dans le mensonge s'agissant de leur ingérence dans les affaires de pays avec lesquels ils ont été en conflit au long des décennies écoulées depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. A chaque fois ils ont forgé leurs mensonges sur la survenance de faits qui se sont réellement produits et que leur propagande dominante a imputé à leur ennemi du moment. Le stratagème a fonctionné un temps parce que les Etats-Unis ont bénéficié de la mystification d'être une puissance représentant le camp du « bien » et des valeurs humanistes. Il ne dupe plus grand monde désormais au constat effarant que l'Amérique est plus brutale, cynique et sans état d'âme dans le crime et la destruction que les régimes dont elle cherche la destruction.