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Déficit de main-d'œuvre qualifiée, métiers boudés: Un casse-tête pour la formation professionnelle

par Yazid Alilat

La formation professionnelle ne serait plus un secteur à la traîne du système éducatif national, mais bien un système de formation d'une main-d'œuvre qualifiée et d'insertion sociale et professionnelle des jeunes demandeurs d'emploi. C'est ce qu'a affirmé hier dimanche à la radio nationale le ministre de la Formation et de l'Enseignement professionnels, Mohamed Merbarki. « La formation professionnelle est le meilleur système d'intégration sociale et professionnelle, en adéquation avec les besoins de l'économie et du développement », a-t-il souligné avant de relever que «la nomenclature des métiers est réactualisée en fonction des besoins du marché du travail. «Les spécialités sont renouvelées tout le temps avec les secteurs d'activités et nous avons 440 spécialités dans le cadre du partenariat avec les entreprises. Il y a des besoins nouveaux de filières à prendre en charge », explique le ministre. Selon lui « c'est au secteur pédagogique de prendre en charge ces besoins », car «l'évolution des métiers se fait en adéquation avec les techniques utilisées en entreprise». En outre, le ministre rappelle que «l'élargissement de la nomenclature nationale des spécialités se fait à tout les niveaux, et cette évolution est prise en charge».

M. Mebarki explique sur ce point que «c'est le réseau national d'ingénierie pédagogique qui définit le programme de formation en fonction des besoins de l'entreprise, et il est en rapport avec la réalité économique ». Sur les déficits en travailleurs qualifiés dans certains secteurs économiques, dont l'agriculture et le BTPH, M. Mebarki relève qu' «il y a décalage entre la formation et les besoins du marché, et cela est pris en charge par le secteur de la formation professionnelle». Selon les dernières analyses, il y a un déficit de 500.000 travailleurs dans le secteur agricole et 850.000 dans le BTPH. «S'il y a un manque d'engouement des jeunes vers ces spécialités, ce n'est pas du ressort du ministère, qui informe les jeunes et leurs parents sur les perspectives de ces spécialités», estime le ministre en citant une étude de l'ANEM selon laquelle « 80% des demandeurs d'emploi issus de la formation professionnelle trouvent un emploi dans les six mois». En outre, «60% de porteurs de projets de l'ANSEJ sont des diplômés de la formation professionnelle qui permet et facilite l'insertion professionnelle», explique le premier responsable du secteur. Pour autant, il a des regrets, notamment dans le manque d'orientation des jeunes exclus du système scolaire. Car 450.000 élèves quittent définitivement l'école chaque année, ce qui fait dire au ministre que «le problème est que le système d'orientation actuel ne dirige pas les élèves du système classique vers la formation professionnelle». Dès lors, «il faut une articulation entre l'Education nationale et la Formation professionnelle», préconise-t-il. Mais, sur le bac professionnel, il est resté évasif, expliquant que «nous sommes en train d'y réfléchir», ou qu'«il faut permettre à l'enseignement professionnel d'accéder à un enseignement professionnel supérieur». «Notre préoccupation est également la qualité de la formation pour que les jeunes formés soient compétitifs sur le marché du travail et répondent aux besoins des entreprises». Le ministre indique que «nous sommes en train d'adapter nos spécialités aux besoins réels du développement économique national qui va très vite. Il y a évolution des métiers et donc une formation des formateurs pour les nouveaux métiers». Cette politique passe ainsi par la mise en place actuellement de centres de formation d'excellence dans plusieurs secteurs d'activités économiques, notamment pour l'agriculture dans plusieurs régions du pays. «Cela se fait en partenariat avec les entreprises dans des filières et spécialités qui correspondent à l'évolution technologique», explique M. Mebarki, donnant en exemple du centre d'excellence développé avec Algérie Télécom à Bousmaïl «notamment pour les contenus numériques». «Nous sommes en relation avec le ministère de l'Agriculture et les entreprises agro-industrielles pour développer des centres d'excellence dans l'agriculture dans sept wilayas à vocation agricole», a-t-il dit soulignant en outre que «nous voulons développer des centres spécialisés dans le même style que les lycées spécialisés en France», car «c'est cette qualité de la formation, cette amélioration que nous sommes en train de rechercher» avec la mise en place de plusieurs centres de formation d'excellence.