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Taxe d'entrée en Tunisie: L'Algérie répond par la réciprocité

par Moncef Wafi

Les Tunisiens non résidant devront désormais s'acquitter d'une taxe d'entrée sur le territoire algérien au niveau des postes frontières, ont indiqué hier des sources parlementaires reprises par des sites d'information en ligne.

C'est le ministre des Affaires étrangères, lui-même, qui a annoncé la décision dans sa réponse écrite à une question posée par le député du parti El Adala, Lakhdar Benkhelaf. Rappelons que le sujet avait fait couler beaucoup d'encre principalement cet été où les Algériens, se sentant lésés par cette taxe de 30 dinars tunisiens, sont allés jusqu'à bloquer les principaux postes frontaliers entre les deux pays. L'Algérie a ainsi décidé, comme attendu dans pareilles circonstances, d'appliquer la réciprocité en réponse à ladite taxe instaurée par la Tunisie pour les touristes y compris les Algériens. Dans sa réponse, Ramtane Lamamra rappelle le caractère «non discriminatoire» de cette taxe instaurée par Tunis dans le cadre de la loi de finances complémentaire de 2014. « Cette taxe est imposée aux touristes qui voyagent en Tunisie par voie terrestre ou maritime ; elle n'est pas donc discriminatoire», explique le ministre qui précise que la porte du dialogue reste ouverte avec Tunis pour annuler cette taxe. En août dernier, et à l'apogée de cette crise naissante, la taxe d'entrée a pris des proportions insoupçonnées frôlant même le début d'une brouille diplomatique entre les deux Etats. Le chargé d'affaires de l'ambassade de Tunisie avait été convoqué aux Annassers, même si le terme n'a pas été utilisé par le communiqué officiel, où il a rencontré le secrétaire général des Affaires étrangères. Officiellement, et très diplomatiquement, les deux parties ont passé en revue les conditions de déplacement et de résidence des ressortissants algériens et tunisiens et les moyens de les améliorer. Tout un programme qui comprend également les conditions d'accueil des touristes algériens avec cette volonté de lever les obstacles entravant le mouvement de déplacement de personnes entre l'Algérie et la Tunisie. Le message est à peine codé et c'est des conditions de déplacement des Algériens dont il a été question lors de cette rencontre. Le choix même des représentants officiels, un chargé d'affaires au lieu de l'ambassadeur lui-même et le SG du ministère à la place du ministre en personne, suggère qu'Alger cherchait à contenir le malentendu qui était en train de déborder sur la voie publique en Algérie et risquait de créer des troubles à l'ordre public. Une vingtaine de personnes essentiellement de Bir El Ater avaient observé un sit-in devant le consulat tunisien à Tébessa pour protester contre cette taxe. Les Algériens, furieux, mais surtout déçus par l'attitude des autorités tunisiennes perçue comme un véritable racket, demandaient d'annuler cette mesure ou d'imposer la réciprocité pour les Tunisiens. Des manifestants sont même allés jusqu'à fermer momentanément deux postes-frontière, de Bétita et Ras El Ayoun. Le sujet est d'autant sensible qu'interrogé sur cette question, Nouri, le ministre du Tourisme a préféré botter en touche vers son homologue des Affaires étrangères. Une chose de faite avec cette décision annoncée par Lamamra. Du côté des Tunisiens, leur argumentaire repose sur la compréhension des «frères» algériens et le recrutement des policiers pour la sécurité des touristes dont notamment les Algériens. Un argumentaire battu en brèche par les nombreux incidents dont ont été victimes les Algériens en Tunisie. Plusieurs plaintes ont été déposées par des touristes algériens auprès de la délégation régionale du tourisme à Hammamet Sud pour acte de vol et de pillage de leurs voitures à l'extérieur des hôtels où ils résident.