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Complot, vous avez dit complot !

par Moncef Wafi

Scandale, manipulation, incompétence ou tout simplement grossière erreur de concentration. L'Algérien est appelé à donner son avis sur la énième affaire qui secoue le ministère de l'Education nationale depuis que Benghebrit a pris possession des clés du département. Il aura fallu d'une simple carte géographique, soufflée par Google, pour mettre le feu aux poudres et réveiller les vieux démons. Entre critique et polémique, la ligne de démarcation est tellement ténue qu'elle contribue à passionner un dossier dont n'avait pas besoin la ministre qui a choisi l'option de la défensive, se sachant déjà la cible des adversaires de sa réforme.

Qualifiant le nouvel épisode de scandale, elle affirme détenir la preuve de son innocence donnant, prématurément, à l'affaire des contours de complot. A force d'être attaquée par les milieux islamo-conservateurs, la ministre a fini par développer un réflexe malvenu de voir des complots partout surtout là où il n'y en a pas. Si elle a décidé l'ouverture d'une enquête imputant la responsabilité de l'affaire au seul éditeur, il est à s'interroger sur l'opportunité d'une telle démarche d'autant plus que les explications de l'Enag sont plus que convaincantes. Pour son P-DG, le concepteur et l'infographe ont pris une carte sur Internet sans se rendre compte de cette «coquille».

Cette nouvelle affaire n'aurait pas dû prendre toutes ces proportions si le ministère de l'Education avait pris suffisamment de recul et un temps supplémentaire pour la réflexion au lieu de se précipiter en retirant le manuel scolaire et en appelant au complot. Cette fixation nuit fortement à la marche du secteur empêtré dans une guerre idéologique alimentée insidieusement par des partis politiques alors que l'essentiel est ailleurs. Si la ministre se sent persécutée, à tort ou à raison, on ne pourra néanmoins pas l'absoudre de faire cavalier seul en excluant elle aussi de la concertation les enseignants, premiers concernés par cette réforme.

Le porte-parole du Cnapeste met le doigt dans la plaie rejetant la responsabilité sur le département de Benghebrit accusé de créer des problèmes que l'école ne peut pas supporter en n'associant pas les enseignants et les professionnels du secteur. Quoi qu'il en soit, on n'en a pas encore fini avec cette histoire tant que le débat sur l'école flirte avec l'idéologie rétrograde ou importée des uns et des autres.