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Nations unies: La réconciliation doit impliquer «les 6 millions de Libyens»

par G. O.

Martin Kobler a présenté avant, devant les corps diplomatiques accrédités à Alger, les cadres des Affaires étrangères ainsi que les représentants de la presse, un point de situation sur la crise en Libye.

Tout en saluant le rôle «actif» et constructif» de l'Algérie pour le règlement de ce dossier, il a tenu à parler de «quatre piliers : le processus politique, la réconciliation nationale, la sécurité et l'économie.» Il met en avant «la restitution de l'autorité de l'Etat dans un pays fragile pour reconstituer les institutions et assurer la stabilité dans les pays limitrophes.» Il estime que «tout le travail du gouvernement est de réunifier le pays.» Mais déplore-t-il «on a un blocage au niveau du Parlement, il a rejeté par deux fois la composition du gouvernement de l'Entente nationale.» Il veut que «très vite, il faut une nouvelle liste de ministres pour la présenter au Parlement qu'on doit convaincre pour qu'il l'accepte».

Kobler affirme que «l'accord politiqué, signé en décembre dernier, doit permettre d'éradiquer les armes et transférer les groupes au sein de l'armée.» Mais il note que «les milices elles-mêmes demandent où déposer leurs armes parce que nous disent-elles, nous n'avons pas d'armée libyenne.» Il indique alors que «c'est aux Libyens de la constituer, nous pouvons les assister, leur donner le format pour une structure armée sous l'égide du Conseil présidentiel qui en sera le commandant, ça devrait se terminer dans les prochaines semaines, on est très optimiste, il ne reste que quelques territoires dominés par Daech, à Syrte.» Kobler se demande quand même «que faire après, lorsque la gouvernance deviendra civile, il faut remplir le vide, c'est la mission du gouvernement de l'Entente nationale.» Il pense qu'«il faut trouver un contrat social pour déterminer autour de quoi les Libyens se rassemblent.» La réconciliation nationale est, dit-il, demandée par les Libyens eux-mêmes, «il faut y mettre la pression, la Tunisie est un exemple, l'Algérie aussi.» Réconciliation qui doit impliquer, ajoute-t-il «les 6 millions de Libyens.» L'économie doit reprendre sa place par le pétrole qui note-t-il «au temps de Kadafi, il était de 1,6 millions de barils par jour, aujourd'hui, il est de 200.000 avec un prix bas, c'est rien !» Selon lui «il n'y a presque pas de production ?inshore', alors que 90% du budget proviennent des ressources pétrolières, 83% constituent les dépenses de l'Etat entre salaires et subventions, les réserves de change sont de 40 milliards de dollars.» Les groupes terroristes sont composés de 70% d'étrangers, 100.000 migrants libyens passent en Italie, cette année, il y a 3.000 noyés dans la Méditerranée, 60% des hôpitaux sont inaccessibles, les bébés meurent dans des couveuses par manque d'électricité, il n'y a pas de rentrée scolaire par ce qu'il n'y a pas d'écoles, il y a 375.000 déplacés.» Il affirme qu'«il faut identifier les priorités et procéder par étape, il faut pour cela un dialogue inclusif.» Il faut, dit-il «faire vite et bien si les Libyens le demandent.»

Kobler lance un chiffre qui donne froid au dos. «Il y a, en Libye, 26 millions d'armes pour une population de 6 millions, les armes ne tombent du ciel, elles viennent par voie terrestre, par bateaux, pourtant, il y a un embargo de l'ONU.» Il pense que «c'est normal que l'Algérie assiste la Libye, vous avez 1.000 km de frontières communes, votre rôle est actif, constructif et amical, les Libyens ont besoin d'amis, l'Algérie en une.»