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Même la ceinture sera taxée

par Moncef Wafi

De Saïda, Sellal a promis que l'Etat sera toujours solidaire des couches défavorisées. Un vœu pieux ou une promesse déjà battue en brèche par l'avant-projet de loi de finances 2017 qui devrait être soumis au gouvernement cette semaine. En effet, le document n'augure rien de bon pour les Algériens.

 Si l'Etat a tout à gagner en introduisant de nouvelles taxes et en augmentant les autres, le citoyen restera celui qui payera la note. Et elle sera salée si l'on croit les dispositions contenues dans cette loi. A commencer par cette sacrée TVA qui passera de 17 à 19%. La différence ira dans les poches des mairies pour distribuer des projets aussi inutiles que la réfection des trottoirs alors que la route est défoncée. Qui dit TVA dit toutes les prestations de service. Les Algériens devront débourser plus pour un produit à égal volume et qualité que l'année dernière.

 La taxe intérieure sur la consommation sera aussi étendue à d'autres articles et relevée pour certains produits dits «de luxe». Déjà augmentée en 2016, la TIC concerne notamment les véhicules de grosses cylindrées, les fruits exotiques, le saumon et le caviar. Oui cela ne s'invente pas, le gouvernement taxe le saumon et le caviar comme si tous les Algériens étaient de grands amateurs de ces deux amuse-gueules. Ou le législateur fait de l'humour, et ce n'est vraiment pas à propos, ou les priorités sont devenues aléatoires. Les fumeurs seront sérieusement taxés pas pour les dissuader de cramer leurs poumons mais pour renflouer les caisses du Trésor public. En effet, pour matérialiser la lutte contre le tabagisme, il suffit juste d'interdire de cigarette les lieux publics. Tous les lieux. Si l'intitulé de ces taxes reste technique, il suffit de croire qu'elles vont sérieusement grever les budgets familiaux déjà mis à mal par la loi de finances 2016.

 Autre cible du gouvernement pour ramasser un peu de thune est le marché des véhicules d'occasion. Il est ainsi envisagé de mettre en place une taxation des marges sur les opérations de vente des véhicules d'occasion. Officiellement s'entend, les pouvoirs publics veulent organiser ce marché en réduisant les transactions entre particuliers tout en s'assurant de nouvelles recettes. Tout un programme qui ne répond qu'au dernier objectif. Les rentrées d'argent générées par un marché complètement déstructuré par l'action du ministère de l'Industrie et qui sera le seul à proposer des voitures à des prix encore abordables. Devant la folie des nouveaux tarifs affichés par les concessionnaires, il serait juste indécent de payer un véhicule à 700 millions alors qu'il en faisait 300 il y a moins d'une année de cela. Si l'Etat croit savoir que les Algériens seront obligés de se tourner vers les bagnoles dites de fabrication nationale, il se trompe lourdement. D'autres taxes sont prévues dans cette loi qui devra passer, à n'en pas douter, comme toutes les précédentes.