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Décharge publique, station d'épuration, port sec?:  El-Kerma? Un désastre écologique pour toute la wilaya !

par Houari Barti

La commune d'El-Kerma, cette paisible localité du sud d'Oran qui porte fièrement le nom d'un arbre, le figuier, s'asphyxie petit à petit. D'abord par sa décharge publique, active depuis plus de 30 ans, puis par sa station d'épuration des eaux usées (STEP), accusée de déverser ses eaux traitées et non traitées dans la Sebkha, une des plus importantes zones humides de la wilaya, et de contaminer les nappes phréatiques et, plus récemment, par le projet fort controversé d'un port sec destinée à l'entreposage de produits dangereux et explosifs. La commune est désormais assise sur une poudrière. Une «véritable catastrophe écologique» qui menace tout l'écosystème de la wilaya, selon la société civile. Mais surtout une «aberration» pour la capitale algérienne de l'ONG R20 qui milite pour une économie verte. C'est l'association écologique El-Fadjr d'El-Kerma qui est actuellement en première ligne de front contre ces agressions sur l'environnement. La décharge publique, qui avait fait l'objet d'un arrêté de fermeture du wali depuis plus d'une année, continue pourtant de recevoir toutes sortes de déchets dangereux, dénoncent les membres d'El-Fadjr. Ils dénoncent aussi le «laxisme» dans la prise en charge du grand projet d'aménagement du site écotouristique à réaliser sur les aires décontaminées de cette décharge publique. Un projet pour lequel les pouvoirs publics ont dégagé un budget de 100 milliards de centimes mais qui, pour l'heure, faute de choix sur l'entreprise réalisatrice, ne décolle toujours pas de la maquette qui orne pompeusement le hall de la direction de l'environnement de la wilaya d'Oran.

Plus grave encore, les déversements des eaux usées de la STEP d'El-Kerma dans la zone humide de Daya Morsly et le côté est de la grande Sebkha. Des périmètres considérés comme des zones humides protégées par le RAMSAR. Ces rejets d'eaux usées en permanence sont constatés par la cellule de veille d'El-Fedjr. Ces déversements des eaux usées parfois pas du tout traitées, selon l'association écologique, contaminent par absorption la nappe phréatique qui alimente les puits de plusieurs communes de la wilaya. Ils sont surtout responsables de l'augmentation du volume de cette nappe dont le surplus est attirée vers le point zéro de la mer, en passant par Oran-Est et le centre-ville. Une vraie source d'inquiétude quand on connait la menace que représentent déjà les eaux souterraines pour le centre-ville d'Oran.

Pour ce qui est du projet du «port sec», ou de la «plate- forme logistique de transport», l'association rappelle que le permis de construire de ce projet prévoyait à l'origine un centre de formation, une salle de prière, une cafétéria, des vestiaires et deux parkings.

Ce projet qui prévoit en réalité l'installation d'un périmètre de stockage de produits chimiques dangereux, soulève beaucoup de questionnements quand on sait que la zone en question n'est ni industrielle ni zone d'activité. Un projet refusé par la population, par la direction de la santé et par le service d'hygiène communal d'El-Kerma, souligne l'association.