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Réunion d'Alger: Moscou favorable à un gel de la production de pétrole

par Yazid Alilat

Les déclarations optimistes sur un possible et très probable accord des pays membres et non membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) sur un gel de la production de brut lors d'une réunion informelle fin septembre à Alger continuent d'alimenter en bonnes nouvelles les salles de marché. La Russie, un des grands pays producteurs de pétrole (plus de 10 mbj) non membre de l'OPEP, estime qu'un accord est possible à Alger sur un gel de la production.

Hier, samedi, le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, a laissé entendre dans une déclaration à l'agence ?'Sputnik'' qu'un accord sur le gel de la production des pays producteurs pourrait intervenir lors de la réunion informelle de l'OPEP en septembre prochain à Alger. ?'En ce qui concerne les discussions sur la situation en général, différentes propositions pourraient être faites» lors de la réunion d'Alger, a précisé le ministre russe, qui a abordé la possibilité d'un gel de la production de pétrole au cours de cette réunion. ?'Cette question sera discutée dans le cadre de la surveillance» de la production des pays producteurs. En outre, ?'la Russie est ouverte à toute proposition pour coordonner sa position avec les autres pays producteurs'', a-t-il ajouté, avant d'affirmer que ''nous adhérons à la position de laisser toujours nos portes ouvertes pour coordonner nos activités, car la situation du marché est compliquée, et ne s'est pas stabilisée depuis deux ans avec des prix à la baisse.'' ?'Je pense que nous serons en mesure de discuter de la situation (du marché pétrolier) à Alger, en marge du Forum international de l'énergie, avec les collègues'', estime Novak Alexandre. De son côté, le président russe avait vendredi dit tout haut ce que beaucoup n'osent pas avouer: Vladimir Poutine a affirmé qu'un accord entre pays exportateurs de pétrole sur un gel de leurs niveaux de production, lors de la réunion d'Alger, ?'serait la bonne décision à prendre pour le marché mondial''. Dans une interview à l'agence américaine Bloomberg, le président russe ajoute que ?'l'Iran doit accepter un compromis pour parvenir à un tel accord.'' De précédents efforts pour parvenir à un gel des niveaux de production entre pays membres et non-membres de l'OPEP ont échoué en avril dernier en raison du refus de l'Iran de s'associer à cette initiative, destinée à soutenir les cours, Téhéran ayant clairement affirmé sa volonté d'accroître ses exportations après la levée des sanctions internationales. «Je pense que du point de vue de la logique et de l'opportunisme économiques, il serait bon de trouver une sorte de compromis» sur la production iranienne, poursuit le président russe. Vladimir Poutine, selon une retranscription de ses propos sur le site du Kremlin, a ajouté que ?'j'aimerais beaucoup avoir l'espoir que tous les intervenants sur ce marché, qui veulent maintenir des cours mondiaux stables et justes pour les ressources énergétiques, prendront au bout du compte la décision nécessaire». Le président russe a précisé qu'il ferait connaître son point de vue au vice-prince héritier d'Arabie Saoudite, Mohamed ben Salman, s'il le rencontre en marge du sommet du G20 dimanche et lundi en Chine. ?'Ce n'est pas nous qui avons refusé un gel des volumes de production, ce sont nos partenaires saoudiens qui, à la dernière minute, ont changé d'avis et décidé de s'accorder un délai avant de prendre cette décision», a poursuivi Vladimir Poutine. «Si le prince Salman et moi-même abordons ce sujet, j'exposerai bien sûr à nouveau notre position: nous pensons que (un gel des niveaux de production) est la bonne décision pour l'énergie mondiale.» La position de la Russie sur cette problématique du gel de la production de pétrole, en fait un arrêt, même momentané de la mise sur le marché de surplus de brut alors que la demande reste atone, est encourageante, et est de nature à favoriser une détente de la situation. L'Algérien Bachir Messaitfa, ancien secrétaire d'Etat, enseignant et expert, avait relevé la semaine dernière qu'il y a un certain nombre de facteurs qu'il faudrait résoudre avant la réunion d'Alger. ?'Il y a aussi l'Iran, qui voudrait revenir à son niveau de production de 3,3 MBJ d'avant l'embargo, et l'Irak qui veut produire plus pour poursuivre la reconstruction du pays'', relève-t-il, avant d'expliquer, dans une déclaration à la radio, que ?'s'il y a un accord pour compenser les pertes de production de ces pays, alors assurément, il y aura un accord de gel de la production lors de la réunion d'Alger.'' Dans l'intervalle, les ministres du Pétrole de certains pays producteurs membres de l'OPEP mènent des démarches et des initiatives pour préparer un accord de gel, sinon une baisse de la production de brut, qui sera entériné et endossé à la réunion d'Alger.

Forcing pour un accord à Alger

A Téhéran, on tient ainsi à rassurer: ?'l'Iran va coopérer avec l'OPEP pour améliorer les prix du pétrole et la situation sur le marché», a affirmé le ministre iranien du pétrole Bijan Zanganeh. Quant à l'Irak, deuxième producteur après l'Arabie Saoudite, il a également affirmé, par la voix de son Premier ministre Haider al-Abadi, qu'il va soutenir entièrement l'initiative de l'OPEP de gel de la production de pétrole. Face à la baisse préoccupante des cours du brut depuis deux ans, frôlant la barre des 30 dollars à un moment, le président de l'OPEP, le ministre qatari de l'Energie Mohammed Bin Saleh Al-Sada, avait, rappelle-t-on, annoncé début août dernier qu'une réunion informelle des pays membres de l'OPEP se tiendra en marge du 15e Forum international de l'énergie, organisé du 26 au 28 septembre en Algérie. Selon lui, l'OPEP demeure optimiste et prévoit un prochain rééquilibrage de l'offre et de la demande. ?'Nous tablons sur une hausse de la demande de pétrole aux troisième et quatrième trimestres grâce à un rebond économique dans les principaux pays consommateurs'', a-t-il dit. L'OPEP base ses prédictions sur le fait que ?'la volatilité actuelle des marchés n'est que temporaire'', alors que les analystes estiment que la baisse est liée à des facteurs conjoncturels dont l'annonce du Brexit et des surplus de stocks. Pour l'OPEP, ?'les prix du pétrole progresseront durant la dernière partie de 2016.'' Vendredi, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre valait 46,80 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en progression de 1,35 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en octobre gagnait 1,32 dollar à 44,48 dollars. Le cours du panier des 14 bruts de l'OPEP cotait jeudi 42,04 dollars.