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Après l'alerte du fmi et de la banque mondiale: Le compte à rebours

par Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med

Tout porte à croire que l'Algérie n'évitera pas, à moyen terme, de frapper aux portes du FMI et de la Banque mondiale. Sauf que la conjoncture internationale est particulière et les conditions de prêts drastiques.

Les Algériens ont-ils besoin de l'alerte du FMI et de la Banque  mondiale pour savoir que des périls d'ordre économique et social guettent leur pays ? Le commun des Algériens, y compris celui qui est à l'abri du besoin, vous exposera exemple à l'appui les absurdités de la vie politique, économique, sociale de son pays, certes avec moins de formules savantes ou d'expertises précises au dinar près, mais il vous dessinera un tableau de la réalité nationale aux couleurs sombres et des horizons orageux. Du coup, il ne faut pas s'attendre à ce que nos gouvernants soient effrayés ou même inquiétés par l'appréciation de ces deux institutions financières internationales, tant ils ont à faire pour juguler et contenir «l'appréciation» du peuple qu'ils gouvernent et qui le leur fait savoir d'une manière récurrente par les mille et une manifestations, révoltes, grèves et autres désobéissances civiles. Les Algériens savent que leur avenir se négocie entre eux. Sauf qu'il ne faut pas négliger le jugement du FMI et de la Banque mondiale dans l'équation algérienne. Car, de leurs jugements dépendra les conditions d'accès de l'Algérie aux prêts sur les marchés financiers internationaux et surtout les taux d'intérêt qui vont avec. En clair, le FMI et la Banque mondiale sont en train de dire aux gouvernants algériens qu'ils les attendent très prochainement à leurs portes pour des aides et des prêts. Une façon de les préparer à des taux d'usure déjà calculés sur le moyen et long terme. Et nous savons par expérience les conséquences socio-économiques et politiques d'un pays sous dépendance de la «charité bien ordonnée» du duo FMI-Banque mondiale qu'ils nomment «aides au développement».

Les gouvernants algériens le savent très bien, mais ne s'en inquiètent pas encore une fois. Pourquoi? Ils comptent sur ce qu'ils comptent depuis toujours: le pétrole et le gaz. D'une manière ou d'une autre, les prix des hydrocarbures finiront, à la faveur d'une crise ou d'une guerre ailleurs, par remonter et permettraient au pays de solder ses comptes avec les institutions financières internationales et sauver le pays de la faillite. Le scénario a déjà eu lieu plusieurs fois dont la dernière au début des années 2000. Nos gouvernants ont même osé rembourser anticipativement les dettes de l'Etat. Ce jeu de poker entre le FMI et l'Algérie n'est pas nouveau. Sauf que cette fois-ci la conjoncture internationale est tout autre: les principaux bailleurs du FMI et de la Banque mondiale, c'est-à-dire les Occidentaux (Europe et USA) ont vécu une crise financière et bancaire aiguë dont ils ne sont pas encore sortis définitivement.

Les budgets des Etats sont déficitaires, la croissance économique peine à décoller et le chômage reste élevé en Europe. Ils ne ménagent pas des pays de leur propre famille leur imposant des réformes drastiques aux retombées terribles sur leurs peuples. La Grèce, l'Espagne, le Portugal en sont des exemples. Ce qui veut dire que si l'Algérie s'achemine vers le FMI et la Banque mondiale, et tous les paramètres de son économie l'indiquent sur le court ou moyen terme, elle ne doit pas s'attendre à des aides et prêts «souverains». Ces aides et prêts seront durement conditionnés: réformes qui bouleverseront la structure du marché algérien dans sa totalité: travail, fiscalité, sécurité sociale, retraite, santé, éducation, domaine patrimonial de l'Etat, etc.

Le FMI et la Banque mondiale, autant d'ailleurs que le marché financier international, forceront le pays à un virage socio-économique de type libéral, capitalistique et rien d'autre. Bonjour les conséquences de ce type de virage chez nous: chômage, inflation galopante, paupérisation des classes moyennes et misère pour les plus faibles, en un mot le pays sera aspiré par le cyclone de cette mondialisation capitalistique avec ou sans la rente des hydrocarbures qui nous maintient jusqu'à ce jour la tête hors de l'eau. Ce n'est point de la fiction mais la dure logique «historique» à laquelle l'Algérie ne peut échapper, du moins avec la gestion menée par le gouvernement actuel. Sans un sursaut politique radical et des réformes urgentes à tous les niveaux, le FMI et la Banque mondiale nous attendent prochainement avec des conditions qui emprisonneront le peu de souveraineté qui nous reste et la liberté de décider de notre avenir.