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La voie du pire

par Abdelkrim Zerzouri

Jamais, au grand jamais, une société publique n'a autant fait « chanter » les pouvoirs publics. Dès qu'il y a moins de jus versé dans ses caisses par le Trésor public, la Sonelgaz, puisque c'est de cette société qu'on parle, sort l'artillerie lourde et exerce une forte pression sur l'Etat, un chantage en bonne et due forme, annonçant que les prix de consommation d'électricité seront encore revus à la hausse. Pareil effet d'annonce est toujours très mal encaissé par les pouvoirs publics, car cela voudrait dire que la facture d'électricité sera plus lourde pour les ménages, et cela menacerait, fatalement, un équilibre fragile difficilement entretenu sur le front social.

Avant, lorsque les pouvoirs publics avaient les moyens, lorsque le pétrole était à plus de 120 dollars le baril, on lui remplissait la bouche à la Sonelgaz avec de gros chèques, mais plus moyen de reconduire le procédé. Il est encore coincé dans les gorges le goût amer des premières factures salées, calculées selon les nouveaux tarifs de consommation d'électricité introduits par la loi de finances 2016, et la Sonelgaz ne cherche pas à faire dans le tact en parlant, déjà, de la «nécessité» d'une autre hausse des tarifs de consommation d'électricité.

La Sonelgaz n'est pas trop à blâmer, c'est ce qu'on lui a appris à faire, recevoir l'argent du contribuable, l'investir dans des projets très budgétivores et attendre de nouveaux pics de consommation qui exigeraient de nouveaux investissement et de nouvelles enveloppes financière, sinon on demande la tête du client. Bête et discipliné, comme stratégie.

Pourtant, ce n'est pas au consommateur, non plus, de payer la note des investissements de la Sonelgaz. Et cette dernière se devait de faire tout son possible pour que le prix de l'électricité soit le moins cher, dans l'intérêt du citoyen. C'est dans cet esprit qu'on lui accorde des budgets sur le compte du Trésor public pour le financement de ses projets d'investissement, c'est dans cet esprit que la société n'est pas assujettie aux règles commerciales qui lui demanderaient des comptes au bout de chaque trimestre, c'est toujours dans cet esprit qu'on souhaiterait plus de modération dans le ton de la Sonelgaz. On aurait souhaité, aussi, que cette société fasse travailler ses méninges pour combler les pics de consommation d'électricité en recourant à l'énergie renouvelable, ou l'énergie fossile (le charbon).

Dans certains pays européens, l'énergie solaire, ainsi que l'énergie éolienne, sont utilisées pour couvrir les pics de consommations d'électricité. Au mois de mai dernier, un évènement vécu en Allemagne, un pays qui a presque assuré sa « transition » énergétique vers les énergies renouvelable, a fait l'actualité à travers la planète :

lors d'une journée ensoleillée et venteuse, l'Allemagne a connu un pic de production d'énergie renouvelable (énergie solaire et énergie éolienne) et le prix de l'électricité est automatiquement devenu négatif. Pendant quelques heures, la consommation d'électricité n'était pas seulement gratuite, mais certains clients ont même eu droit à des primes pour consommer plus d'énergie ! Là bas, en Allemagne, on n'est pas allé demander de l'argent pour investir lourdement dans des projets qui pourraient dans un proche avenir ne servir à rien.

L'énergie renouvelable gagne ses galons dans de nombreux pays qui cherchent à sortir de la dépendance de l'or noir et du nucléaire, et un jour prochain, le soleil et le vent suffiront à nous donner toute l'énergie nécessaire pour le fonctionnement du matériel électrique dans les foyers, des voitures...en Algérie, on continuera encore à ramasser l'argent sur le dos du consommateur, pour réaliser des postes transformateurs ou autres installation de poteaux de transport d'électricité, ignorant ou feignant d'ignorer que cette gestion n'est pas la bonne, pour ne pas dire qu'on a choisi la voie du pire.