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Chlef: Des boucheries à ciel ouvert et des interrogations

par Bencherki Otsmane

Petites virées sur les routes et autres chemins de wilaya en ce début de ramadan qui sont devenus autant d'espaces permettant de mesurer la persistance de pratiques commerciales et de consommation qui ont la peau dure. Il s'agit en fait de ces « bicoques » construites avec un matériel hétéroclite où on propose fruits et légumes mais surtout de la viande exposée sur des étalages rudimentaires.

Les usagers de la RN 19 reliant Chlef à la ville côtière de Ténès auront remarqué sans aucun doute ce nouveau mode de commerce qui active en toute impunité, loin de tout contrôle. Ces vendeurs proposent aux voyageurs et automobilistes de la viande de caprins, d'ovins ou de poulets exposés à l'air libre. Une activité qui a fini par faire partie du décor. Il faut croire que cette activité informelle échappe à tout contrôle. Sinon, comment expliquer sa prolifération en ce mois de ramadan mais également au cours de la saison estivale. Ce n'est pas avec la saisie de quelques kilos de viande qu'on peut décourager ces commerçants qui n'hésitent d'ailleurs pas à reprendre du service justement pour amortir les pertes causées par la saisie.

Des personnes rencontrées devant ces étals ont reconnu qu'elles s'approvisionnaient en viande chaque fois qu'elles passent par là. D'autant plus qu'elle est « d'assez bonne qualité et à bon prix ». Les prix affichés sont, certes, très attirants. 900 au lieu des 1300 dinars pour le kilo de viande d'agneau. Mais quand bien même la viande serait saine, l'environnement dans lequel elle est ensuite exposée peut la rendre impropre à la consommation. En effet, l'abattage, le dépeçage et l'éviscération s'opèrent à même le sol et au même endroit à longueur d'année, à proximité des étals. Il n'est pas nécessaire d'être spécialiste pour s'apercevoir que l'endroit même où ont lieu les abattages et les dépôts successifs d'abats, qui font le bonheur des chiens errants et de toutes sortes d'insectes dont les mouches qui, hiver comme été, pullulent sur les lieux et même sur la viande exposée, constitue un véritable bouillon de culture. Les vendeurs, conscients que la vue d'essaims de mouches sur les carcasses exposées peut dissuader les clients éventuels, entreprennent de les chasser.