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Où va le logement ?

par Abdelkrim Zerzouri

Les chiffres, à donner le tournis, des programmes de réalisation de logements à Constantine ne cadre pas avec la protestation quasi quotidienne des populations, revendiquant un toit. Deux villes nouvelles, une troisième est en phase de réalisation, et toujours une population qui se plaint de la « crise » de logement !? Quelque chose ne tourne pas rond dans cette équation. Quelque 8.000 logements attribués le 16 avril dernier, lors de la visite du Premier ministre, à Constantine, un autre lot de 5.000 logements sera attribué, tout au long de l'année 2016, soit au total 13.000 nouveaux logements pour les Constantinois rien que pour cette année 2016. Rien à comprendre, donc, lorsque des citoyens, des mal- logés, se rassemblent par dizaines pour couper les routes et tenir des sit-in incessants, devant la wilaya. Où va tout le logement réalisé ? Il faut savoir que les programmes retenus, pour la wilaya de Constantine, en matière d'habitat tels que présentés au Premier ministre Abdelmalek Sellal, en 2013, faisaient état de 23.000 unités, pour le logement public locatif dont 18.000 unités inscrites au programme quinquennal 2010/2015, auxquels s'ajoutent 11.450 unités pour le programme de résorption de l'habitat précaire et 32.800 unités inscrites dans le cadre des formules LSP et LPA, alors que pour la location-vente, on a prévu la réalisation de 25.848 unités dont 10.000 logements pour le nouveau programme AADL de Constantine, en sus d'une rallonge de 1.500 unités, récemment, annoncée.

On est arrivé à un stade, selon des aveux officiels, où le nombre de demandes formulées pour les différents types d'habitat est « inférieur au programme dont a bénéficié la wilaya au titre des différents programmes de développement validés, jusque-là ». Cet ambitieux programme dédié à l'habitat pour Constantine a requis une enveloppe de 9.500 milliards de centimes et 2.600 milliards de centimes étaient retenus, comme besoins immédiats, alors que la pause des VRD primaires et secondaires a nécessité près de 800 milliards de centimes.

Avec tous ces moyens, Constantine aurait dû accéder au statut de première wilaya sans bidonvilles. Elle en avait bien l'ambition, du moins c'est ce qu'on martelait, sans cesse, durant ces dernières années. Les différents walis passés par Constantine, actuellement ministres, avait dans leur temps fait l'ébauche d'une wilaya débarrassée de toute trace de bidonvilles. Les déclarations sont là pour témoigner de cette ambition (dé) mesurée, affichée par des responsables, ayant quitté la wilaya, ou ceux qui y demeurent encore. On n'a pas fini de promettre qu'avec l'achèvement de cette (énième) opération, le dossier de l'habitat précaire sera « définitivement clos ». Hélas, on n'a pas fini de clore ce dossier, mais l'ampleur de la protesta est toujours là pour dire le contraire. La plaie est toujours ouverte. Ali Mendjeli, Massinissa et Ain Nehasse où le béton commence à envahir la terre, trois villes nouvelles et on reste avec le même problème sur les bras, la crise de logement. En théorie, presque tous les demandeurs de logements possèdent des pré ? affectations, des promesses d'attribution de logement. C'est-à-dire qu'ils attendent l'achèvement de la réalisation des logements pour pouvoir rejoindre leurs nouveaux quartiers. Mais en théorie, seulement. Maintenant, avec la crise économique qui s'installe dans la durée, même si le gouvernement ne le reconnaît pas encore, tous les programmes de logements en voie de réalisation, devraient enregistrer des perturbations liées aux problèmes de financement. Cela aurait, donc, une incidence directe sur les délais de réalisation, et en toute logique cela userait la patience des bénéficiaires de logements virtuels, reconnus sur les décisions de pré-affectation.