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Contre-feux

par Moncef Wafi

L'enquête judiciaire sur les fuites    des sujets du Bac 2016 confiée à la Gendarmerie nationale suit toujours son cours. Les premières arrestations n'ont pas tardé à être divulguées et le travail de la justice exposé à la lumière médiatique. Le profil des mis en cause n'est pas étranger à l'univers pédagogique, retrouvant pêle-mêle des cadres, des enseignants, des chefs de centre et des employés de l'Office national des examens et concours (ONEC), et les enquêteurs ont ratissé large. La médiatisation de cette enquête renseigne sur la volonté de transparence d'un gouvernement discrédité et dépassé par l'ampleur de cette fraude.

Les premières conclusions de l'enquête s'orientent vers des considérations pécuniaires des suspects loin de la couleur politique que certains ont voulu faire endosser à l'affaire. En effet, des doigts accusateurs ont été pointés vers les milieux islamo-conservateurs, présumés instigateurs de cette fuite pour avoir la tête de Benghebrit. Même Sellal s'est laissé emporter par la vague des indignations, considérant que la mouvance islamiste est derrière le complot ourdi contre la ministre de l'Education. Un réflexe à bannir au plus vite, en politisant tout et rien, si on veut retrouver un semblant de sérénité et un début de dialogue responsable entre pouvoir et opposition. Cette facilité à appuyer sur la gâchette, en l'absence de preuves tangibles, risque d'avoir de graves répercussions et ouvrir la porte à des débats stériles faisant oublier les priorités du moment.

Cette affaire du bac doit être laissée au seul traitement de la justice et éviter d'y interférer pour des considérations politiciennes ou de créer de fausses pistes. En effet, la multiplication des contre-feux avec le dossier El Khabar, les attaques de Saadani contre Toufik, Rebrab et Hanoune et cette fuite à grande échelle des sujets du bac ont détourné l'opinion publique des véritables problèmes du pays. Les décisions impopulaires du gouvernement prises et à venir sont subitement reléguées au second plan. On ne reparle plus de la crise, de la bonne gouvernance ou de la compétence des décideurs, se consacrant à la mercuriale et autres dossiers secondaires.