Tafraoui, Boutlelis, Misserghine, El Hassi...: Les forages illicites menacent la nappe phréatique
par S. M.
La
surexploitation des eaux souterraines menace la nappe phréatique, à Oran,
notamment avec l'avènement de la saison des grandes chaleurs. Des centaines de
forages profonds creusés, illicitement, dans les communes périphériques de la
wilaya, en particulier à Misserghine, Oued Tlélat, Tafraoui et Boutlélis, puisent dans la nappe phréatique causant ainsi
des dommages importants. Le phénomène a pris une ampleur inquiétante dans la
zone-ouest de la ville, surtout à Haï Bouâmama (ex Hassi) où on recense des dizaines de puits dans une zone
étroite de quelques kilomètres carrés. Il s'agit en fait de forages illicites,
situés dans des fermes, mais qui servent pour certains à approvisionner les
colporteurs. Les forages effectués, illicitement, ne respectent, aucunement,
les normes en vigueur et altèrent gravement les nappes phréatiques du fait que
leurs ouvrages s'effondrent peu de temps après leur mise en service. Les
inspections de ces forages illicites ont révélé une baisse sensible de la nappe
phréatique, dans cette zone. Les mesures annoncées par les autorités locales,
qui avaient promulgué, il y a dix ans, un arrêté pour procéder au recensement
et à la destruction de tous les forages illicites existants à Oran, ne semblent
pas dissuader les propriétaires de ces forages illicites. Un arrêté de la wilaya
stipule, entre autres, une saisie d'une durée de six mois du matériel utilisé
dans le forage illicite et des sanctions contre les contrevenants, conformément
aux dispositions pénales prévues dans ce genre de délit. En dépit de cet
arsenal répressif, les propriétaires de forages illicites ne sont pas
inquiéter. Le créneau semble, bien au contraire, prospérer devant le laxisme
des services concernés. On assiste à une course effrénée vers l'exploitation
irrationnelle de cette richesse souterraine. Des centaines de demandes pour la
réalisation de nouveaux forages sont formulées par des industriels et des
commerçants qui veulent profiter de l'eau à moindre prix. De nouvelles
activités, voraces en eau, à l'exemple des stations de lavage de véhicules, ont
besoin de grandes quantités de cette ressource. Ces propriétaires de stations
lavage préfèrent de loin les eaux souterraines sur l'eau fournie par la SEOR,
en raison des prix avantageux. Les eaux souterraines «déclarées» coûtent deux
fois moins que ceux du réseau AEP. Pour les eaux pompées d'une manière illicite
de la nappe phréatique, c'est tout un bénéfice pour ces gros consommateurs. Il
faut savoir que les trois quarts des eaux souterraines puisées de la nappe
phréatique ne sont ni facturés ni déclarés.