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Constantine - Manifestation contre la création d'un CET: Tension à Zighoud-Youcef

par A. Mallem

La situation demeure assez tendue dans la ville de Zighoud-Youcef après les heurts qui s'étaient produits mardi en fin d'après-midi entre les forces de l'ordre et les manifestants campés devant le siège de la daïra, et ce après des actions engagées pour les déloger par la force. Ces heurts ont fait de nombreux blessés, notamment parmi les forces de sécurité qui ont procédé à une vingtaine d'arrestations parmi les manifestants. « Il y a eu aussi beaucoup de blessés de l'autre côté », ont tenu à préciser des citoyens que nous avons interrogés hier matin. Et ce n'est qu'aux environs de 21h que la situation s'est calmée, surtout après que la libération des manifestants arrêtés qui ont regagné leurs domiciles aux environs de minuit, nous ont expliqué ces derniers.

Néanmoins, les mesures d'apaisement décrétées par les forces de l'ordre n'ont pas eu l'impact voulu sur les manifestants. N'en démordant pas quant à leur objectif de parvenir à la fermeture du centre d'enfouissement technique (CET) de Doghra, ces derniers dont les rangs commençaient à grandir et qui ont maintenu fermés toutes les boutiques et établissements publics de la ville dans une sorte de grève générale, sont revenus hier matin à 9h camper devant la daïra et clamer leurs slogans avec une insistance pour la fermeture du CET de Doghra. Toutefois, ils ont dû constater à leur surprise que les forces de sécurité envoyées en renfort la veille du chef-lieu de wilaya étaient totalement absentes sur le terrain. Dans le même temps, les contestataires maintiennent le blocus autour du CET, obligeant tout camion venant pour déverser sa cargaison de détritus à faire demi-tour, menaçant le chauffeur de brûler son véhicule.

« Les autorités locales et de wilaya qui misent sur l'affaiblissement de la contestation et la soumission de la population au fait accompli n'obtiendront pas gain de cause, car nous sommes résolus à ne pas lâcher prise et à poursuivre la manifestation jusqu'à ce que le wali consente à venir à Zighoud-Youcef pour dialoguer avec nous», nous ont dit avec fermeté les manifestants, étonnés de l'attitude dans laquelle se confine le premier responsable de la wilaya. «Prôné pourtant par les plus hautes autorités de l'Etat comme le meilleur moyen de gérer les conflits, le dialogue semble ne pas avoir de place chez les autorités de notre wilaya qui, de toute évidence, sont en train de pousser au pourrissement », nous ont-ils déclaré avec déception. Les contestataires ont reproché clairement au wali un certain mépris envers la population de Zighoud-Youcef. « Il a estimé plus important de se rendre dans le quartier de Sissaoui à Constantine pour consoler les parents de l'enfant qui été écrasé par un véhicule que de se déplacer à Zighoud-Youcef pour écouter les doléances de 40.000 habitants qui souffrent et qui réclament sa présence », nous ont-ils déclaré avec dépit. Ils annoncent qu'ils viennent d'«ajouter un autre préalable à l'interruption des manifestations, le départ du chef de daïra». « Il ne sert à rien, puisque durant tout le conflit il est resté enfermé dans son bureau, sans dire mot à la population qui clamait sa colère sous ses fenêtres ». Ils ont signalé le geste du président de l'APC et les élus qui sont venus à leur rencontre pour dialoguer et leur conseiller la modération et la retenue, « quoique nous ayons fait effectivement preuve, dès le début, de retenue et de sagesse en évitant de bloquer la RN 3 et en laissant le libre accès au siège de la daïra », ont-ils rétorqué.

La situation est demeurée sans changement hier en fin d'après-midi, sauf que nous avons entendu des voix appeler à l'intervention des sages de la ville pour intercéder entre les deux parties et essayer de calmer les esprits. « Nous craignons des dérapages incontrôlés », ont confié des habitants de Zighoud-Youcef.