L'Algérie
et le Venezuela ont de commun cette dépendance chronique à l'argent du pétrole.
Le pays cher à Chavez est au seuil de la guerre civile sur fond d'une contesta
de l'opposition qui a appelé à la destitution de Maduro.
Si les opposants au président vénézuélien, appuyés par la CIA, mettent en avant
«la grave altération de l'ordre constitutionnel et démocratique», l'origine du
problème est ailleurs. Il est dans cette chute des prix du pétrole qui a
définitivement mis à nu tous les dysfonctionnements des pays dépendant de
l'exportation de l'or noir. Et l'Algérie ne fait malheureusement pas exception.
Si on n'est pas encore le Venezuela, tous les indicateurs concourent à exposer
le pays au danger qui a miné Caracas. Malgré le fait que le Venezuela dispose
des plus importantes réserves de pétrole au monde, le pays est aujourd'hui au
bord de la faillite faute d'un gouvernement prévoyant. L'inflation affiche des
taux record et la population doit faire face à de graves pénuries de produits
alimentaires et de base. Les éléments convergents entre l'Algérie et le
Venezuela sont nombreux, à commencer par la dépendance exclusive de l'économie
aux recettes générées par les hydrocarbures. Les pertes subies par la chute des
prix, le produit intérieur brut, l'inflation, le déficit public et la
dévaluation de la monnaie nationale sont autant pour l'un et l'autre pays des
indices alarmants. Si au Venezuela, les crises de l'électricité et des pénuries
ont exacerbé les tensions sociales alimentées par une opposition active,
l'Algérie est encore à flots, puisant dans sa cagnotte pour acheter du temps et
une paix de plus en plus précaire. Alors, l'Algérie peut-elle vivre un scénario
à la vénézuélienne ? Il est fort probable que si le pouvoir en place continue
sa politique tatillonne, tolère et encourage la fraude et l'impunité parmi ses
fidèles clients, l'issue finale ne peut pas trop différer de celle du Venezuela.
Le seul atout du gouvernement étant l'absence d'une opposition forte et
crédible, son avenir ne dépendra en fait que de sa volonté à corriger le tir et
aux fluctuations du marché pétrolier. Il suffit que le baril chute encore d'un
ou de deux dollars pour que le pays se retrouve en cessation de paiement. Une
possibilité anticipée déjà puisque les citoyens algériens ont été les premiers
à payer le manque à gagner. L'austérité est là, imposée par la force des
choses, alors que l'Etat, lui, continue de gaspiller l'argent du peuple.
Jusqu'à quand ?