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Pas
moins de 110 enfants âgés de moins de 6 ans ont été placés au niveau de la
pouponnière durant les quatre premiers mois de l'année en cours. Selon les
statistiques de la direction de l'action sociale, 62 enfants ont été placés au
niveau de la pouponnière après avoir été abandonnés par leurs mères, 34 ont été
placés sur ordonnance du juge des mineurs et 15 autres étaient en danger moral ( mendicité, délinquance, violence et autres)... Les mères
qui abandonnent leurs enfants ont trois mois pour revenir sur leur décision.
Une fois le délai expiré, l'enfant sera systématiquement placé en milieu
familial dans le cadre de la Kafala qui a permis à
des milliers d'enfants algériens privés d'affection familiale d'intégrer une
famille. La famille kafila a toujours le libre choix
du sexe et de l'âge de l'enfant. Le travail ne s'arrête pas là, car une enquête
sociale, économique et psychologique doit se faire d'abord sur les lieux, pour
s'assurer que l'enfant grandira dans des conditions favorables, et que le
couple est vraiment prêt à ouvrir ses bras à cet enfant, pour lui offrir le
lien de parenté dont il a été privé par ses parents biologiques, pour se
reconstruire et vivre pleinement avec ses parents adoptifs. Une fois l'enquête
bouclée, les dossiers présentés doivent passer par une commission présidée par
le directeur de la DAS qui décidera au cas par cas du placement de chaque bébé.
Toutefois, la démarche à suivre est aussi longue qu'éprouvante, surtout pour
les émigrés. Des centaines de requêtes de kafala
déposées depuis des mois, sont en effet toujours en attente au niveau des
services administratifs chargés des dossiers de l'immigration et au niveau des
services sociaux et judiciaires algériens.
Selon la direction de l'action sociale «Il existe une forte demande d'adoption que les services concernés ne peuvent satisfaire. Une forte demande qui parvient d'Oran et même d'autres wilayas de l'Ouest et de l'étranger. Actuellement, près de 700 dossiers (acceptés) sont en instance car les demandes sont satisfaites selon la «disponibilité» des enfants». En fait, ces chiffres ne concernent que les plus «privilégiés» d'entre les nouveau-nés abandonnés, à savoir ceux laissés dans les maternités ou encore ceux déposés volontairement par leurs mamans au siège même de la pouponnière. Car par manque d'informations, les mères célibataires, de crainte d'être reconnues et identifiées, au lieu de s'adresser au centre d'accueil des enfants ou aux pouponnières, préfèrent abandonner leurs progénitures dans la rue. Conditions climatiques difficiles, ces nourrissons finissent par périr. Cette année une dizaine de nouveaux-nés ont été découverts morts dans les rues d'El Bahia. Toutefois l'analyse du chiffre révèle que le phénomène a connu une baisse par rapport aux années précédentes. Mais cela n'explique en rien l'assassinat. L'ignorance et la désillusion, ainsi que le jugement d'une société qui refuse d'admettre ce fait social, qui prend de plus en plus de l'ampleur, finissent par contribuer à l'aggravation de ce phénomène et condamnent les enfants nés sous X. La majorité des mères célibataires rejettent leurs enfants de peur d'être rejetées par leurs familles et par la société. Les normes et les règles qui régissent notre société sont ébranlées par l'existence des mères célibataires, une catégorie qui d'ailleurs a toujours existé mais dont la régulation s'est faite par des stratégies qui tentaient d'atténuer et de rendre invisibles le phénomène à travers le mariage ou l'infanticide. Mais, il existe des femmes et des jeunes devenues enceintes et souvent rejetées par leur partenaire mais qui décident d'assumer la garde de l'enfant. Elles font preuve d'une conscience aiguë de leur responsabilité et d'un niveau de maturité élevé. |
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