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Gagner du temps

par Moncef Wafi

Il aura fallu que Sarkozy se rappelle à notre bon souvenir pour que Sellal réagisse et rassure, qui veut le croire, sur l'état de l'économie nationale. Les discours restent pourtant la seule constante d'un gouvernement qui donne l'impression de ne plus rien maîtriser, démenti à chaque fois par l'implacabilité des chiffres de la finance nationale. Un gouvernement aux abois qui risque d'être débordé par des crises sociales de plus en plus présentes avec le recul de l'Etat providence sur le terrain.

Les différentes augmentations, une loi de finances complémentaire qui verra certainement d'autres hausses des prix, les coupes budgétaires par la grâce de la loi de finances 2016 qui a ouvert grandes les portes à toutes les provocations planent sur l'avenir des Algériens de plus en plus enclins à ne plus faire confiance au gouvernement. Les discours sont gratuits, n'engageant que celui qui les énonce et les différentes formules engagées par l'Etat sont loin de susciter l'enthousiasme populaire encore moins laisser présager un quelconque retournement de situation. Une situation mal, très mal engagée à cause de la chute des prix du pétrole mais pas que. Le baril a mis à nu un gouvernement incapable d'anticiper sur les événements, un gouvernement tatillon, marchant à vue, multipliant les actions sans prendre la peine de les analyser en amont.

Cette chute des prix, que Sellal compare à une providence pour pousser le pays vers d'autres mécanismes économiques, a pour le moment coûté cher au citoyen algérien obligé de payer pour des erreurs de stratégie, des options dangereuses et des manœuvres qui ont conduit le pays vers le précipice. L'urgence est là, palpable, et le gouvernement continue de se projeter vers de lointains horizons à l'exemple d'un Amar Ghoul à la tête d'un des plus stratégiques ministères par la force des choses qui nous renvoie à l'horizon 2030. Le tourisme, qu'on nous présente comme un levier de richesse, est laissé à des hommes qui ont montré toutes leurs limites et qui sont dans l'incapacité de le promouvoir dans le présent.

Sellal et ses ministres continuent de vanter une économie sur de bonnes voies, une stratégie claire mais la réalité est tout autre puisque les Algériens s'apprêtent à vivre des lendemains encore plus pénibles. La rue reste consciente des enjeux et des diversions d'un pouvoir vacillant qui n'hésite pas à faire dans la surenchère pour gagner du temps sur le marché pétrolier rêvant chaque jour que les prix du baril retrouvent leur sommet.