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Boulanger et Saint Eugène: Relogement de 1.125 familles

par Houari Saaïdia

Un total de 1.125 familles est concerné par une opération de relogement, ciblant le vieux bâti de la ville, programmée aujourd'hui. Ce qui a donné de la consistance à cette action, c'est la décision de fusionner les étapes 6 et 7 du planning de la méga-opération de relogement, mis au point par la wilaya, entamée début novembre 2015. Au lieu de faire deux coups successifs, le wali a, finalement, préféré en faire un seul, visant les deux secteurs urbains de Makari (ex-Saint Eugène) et de Mokrani (ex-Boulanger), tout en bloc.

Bien sûr, la jonction des deux phases est bien motivée autant qu'elle est préparée sur les plans administratif, technico-logistique et sécuritaire. En fait, il est question de 407 cas de relogement direct et 722 autres de remise de pré-affectations, répartis sur les deux arrondissements suscités. Pour les cas de déménagement direct, c'est le secteur de Boulanger qui se taille la plus grande part : 301 ménages concernées, soit les 2/3 du quota, alors que 106 ménages (1/3) sont concernées à Saint Eugène. Le conseil de l'Exécutif tenu, hier dimanche, à l'hémicycle, était purement technique. Il se voulait un ultime briefing avant le grand coup. « Vigilance » en était le maître mot. « Le diable se cachant dans les détails », le chef de l'Exécutif local n'a pas laissé le moindre petit point sans s'y étaler, en longueur et en largeur. Les modules Transport, Sécurité et Communication ont été les plus débattus. Rien n'a été laissé au hasard. La flotte de transport réquisitionnée pour la circonstance dépassait, largement, la quantité nécessaire pour assurer un acheminement rapide et fluide entre les points visés et le site d'accueil l'îlot 500 logements de l'entreprise turque ?Aslan' sis au nouveau pôle urbain Belgaïd.

L'aspect sécuritaire a été appréhendé via une approche préventive d'abord : plus on est équitable, dans la remise de clés, moins on aura de soucis avec les effets collatéraux et plus on anticipe les sources potentielles d'incidents et plus les cas de grabuge seront insignifiants.

LA NON-COMMUNICATION A L'ORIGINE D'UN FAIT INSOLITE

Dans ce contexte, le wali a cru savoir, d'après les récits convergents des responsables communaux des secteurs urbains et des services de la police, que le seul danger potentiel viendrait des occupants d'un vieil immeuble classé « orange » sis boulevard de l'ANP, en l'occurrence une quinzaine de familles qui ont déjà, il y a peu de temps, barré la route du tram pour protester contre leur exclusion de l'opération de relogement. Renseignement pris immédiatement, et après s'être assuré que ces familles recensées n'ont pas été déchues mais juste « décalées » puisque la priorité avait été donnée au bâti classé « rouge », M. Zâalane a instruit une commission présidée par le chef de daïra de rendre, juste après la réunion, auprès de ses familles pour mieux les informer et leur expliquer les choses. « J'insiste sur l'information et la notification. Plutôt que de courir le risque de les voir descendre dans la rue, l'heure venue, il vaut mieux aller la veille chez eux (les mécontents du relogement). Un mot franc mais doux peut apaiser. Tâchez aussi de remettre un avis de relogement à tous les concernés, c'est très important ! ». En effet, le wali a toujours en mémoire le malheureux et non moins drôle épisode du relogement de Sidi El-Houari, où des dizaines de familles avaient violement protesté dans la rue, ignorant qu'elles figuraient bel et bien sur la liste des heureux bénéficiaires d'un nouveau toit à Belgaïd. Une triste mésaventure de défaillance de la communication institutionnelle que le détenteur de l'autorité d'Etat à Oran veut plus voir se répéter, d'où son insistance sur le volet information. Mais dans tout cela, dans l'essence, les objectifs et les aboutissants mêmes de l'action de relogement, pas uniquement ce coup de 1.125 familles mais le programme du relogement tout entier et particulièrement le RHP et le vieux bâti intramuros, le plus important, aux yeux du wali, c'est la démolition des maisons évacuées. « Si on ne rase pas à terre, et tout de suite, c'est comme si on avait rien fait », a-t-il expliqué, en demandant, sur un ton ironique, à un chef de division communale, chargé spécialement de l'acte de démolition post-relogement : « Etes-vous au courant que serez prochainement en mission en Turquie ? ? Alors je vous demande de réduite tout en décombres avant de prendre le vol vers Istanbul ! ».