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2e semaine de grève des conducteurs de train: Crise de carburant à travers plusieurs wilayas

par Abdelkrim Zerzouri

Au début de cette deuxième semaine de grève des conducteurs de train, une grave crise de carburant est signalée à travers plusieurs wilayas de l'est du pays. Dans cette région, l'est du pays particulièrement, le service minimum n'a pas été assuré par les grévistes comme le veut la réglementation, car les cheminots contestataires empêchaient toute circulation des trains en se rassemblant sur la voie ferrée, constituant un rempart humain devant le passage des trains. Mais, ces deux derniers jours, ce sont les walis de plusieurs wilayas qui ont alerté les services compétents à propos d'une pénurie de carburant qui s'est installée dans la région est, demandant un approvisionnement urgent en carburant. Finalement, les grévistes ont libéré la voie devant les trains de transport de carburant, leur ouvrant le passage pour approvisionner les wilayas de Biskra, Batna et Sétif. Ainsi, cinq trains conduits par des cadres ont effectué des déplacements sur les trois lignes en question.

Le ravitaillement en carburant est, en premier lieu, une affaire de sécurité, relève un cadre de la direction régionale ferroviaire. Ajoutant à ce propos que la crise de carburant était endurée par les particuliers depuis quelques jours déjà dans plusieurs wilayas de l'est du pays, mais elle commençait à se faire durement sentir chez les pompiers, et autres corps de sécurité, chose qui a « forcé » le passage des trains de transport de carburant. Car, selon une appréciation pure et dure des grévistes, « la grève c'est la grève, et il n'y a pas de place pour le sentiment ». Autant dire que pour ces derniers, comme le confient des témoignages de cheminots, la paralysie totale du rail est visée par ce débrayage, et c'est de cette façon qu'on conçoit « une grève qui donne tous ses effets recherchés », en l'occurrence la satisfaction des revendications des tractionnaires qui relèvent du repositionnement des mécaniciens, la majoration des vendredis et des jours fériés à 100%, l'application de la prime de nuit pour la circulation entre 21h et 5h, la majoration de la prime kilométrique et la prime de surveillance de lignes. Dans cet ordre d'idée, les désagréments causés aux voyageurs ne semblent pas constituer un moindre souci pour les grévistes. Ils sont des dizaines de travailleurs des régions allant d'El Gourzi, El Khroub, jusqu'à Didouche-Mourad et Zighoud-Youcef, à subir les aléas de cette grève. En l'absence de trains, les clients habituels de ces lignes se rabattent sur les bus et les taxis, plus chers et pas toujours disponibles pour arriver à l'heure au travail, surtout avec le casse-tête des embouteillages sur les routes. Certains conducteurs non grévistes ont tenté de ramener à la raison leurs collègues grévistes, proposant d'assurer un service minimum, au moins deux navettes par jour, en lieu et place des six navettes quotidiennes vers les banlieues de Constantine, mais rien n'y fait.

On n'a pas manqué de les taxer de casseurs de grève et les pousser au repli dans leurs positions. On a appris dans ce sillage, auprès de cheminots, que deux conducteurs qui ont signé la reprise de travail ont été insultés et malmenés par des grévistes, et les choses ont failli dégénérer. Une plainte a été déposée au commissariat par les deux conducteurs contre leurs collègues pour insultes et tentatives d'agression. Ceci pour brosser un tableau sur le climat tendu et délétère au sein des travailleurs.

Selon les dernières nouvelles, le dialogue est rompu avec la Coordination nationale des tractionnaires, aussi bien dans la relation Coordination-DG qu'au niveau du lien syndico-syndical, entre la Coordination et la Fédération nationale des cheminots (FNC), où le courant ne passe plus entre les deux parties. Reste, donc, l'espoir de ce lien coopératif entre la DG et la FNC pour tenter de remettre l'entreprise sur rail.