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Situation économique de l'Algérie: Sellal répond à Sarkozy

par Moncef Wafi

Malgré tous les voyants qui clignotent dangereusement, le gouvernement persiste à soutenir que le pays est sur la «bonne voie». Le discours lénifiant du Premier ministre est, malheureusement, battu en brèche par les chiffres alarmants sur la santé financière du pays.

Sellal qui indique que la situation économique est «maîtrisée» malgré la chute des prix du pétrole qui dure depuis deux ans, affirme que l'Algérie «n'a pas été ébranlée et ne le sera pas». Un message davantage pour une consommation externe, puisque se voulant une réponse à des «propos tenus, par-ci et par-là, par des responsables étrangers», sur l'impact du marché pétrolier sur l'économie algérienne.

Des responsables étrangers, Sellal vise évidemment, l'ancien président français Sarkozy qui s'est fendu, une nouvelle fois, d'un commentaire peu amène sur l'Algérie. Encensant le Maroc, le président du parti Les Républicains s'était interrogé sur l'économie algérienne «surtout avec l'effondrement des prix des matières premières et la dépendance aux énergies fossiles». Si les piques de Sarkozy ne sont pas nouvelles, la réaction de Sellal, elle, pose quelques points d'interrogation, donnant l'impression d'un pays obligé de répondre à des déclarations d'un provocateur- né. «Nous n'accepterons aucune ingérence dans nos affaires», précisera, encore, le Premier ministre en réponse à cette attaque verbale, pour le moins qu'on puisse dire, insignifiante et qui ne mérite pas une telle sortie médiatique.

Un non-événement, surtout en présence de défis économiques, de plus en plus difficiles à cerner, avec des déclarations contradictoires des ministres qui finissent par donner plus d'opacité à une situation qui semble échapper aux gestionnaires du pays. Le gouvernement sait que la réalité ne peut être occultée ou embellie par des discours rassurants sur l'état de l'économie.

Les chiffres sont implacables, mettant en échec les différentes mesures incitatives de l'Etat pour renflouer ses caisses. Ainsi et tour à tour, la mise en conformité fiscale volontaire et l'emprunt obligataire sont restés, dans les starting-blocks, sur fond d'une fonte des réserves de changes du pays et un déficit du Trésor public, menaçant le pays de faillite. Dans ce tableau obscurci par des lendemains plus qu'incertains, Sellal brandit des mesures salvatrices imposées par la chute des prix des hydrocarbures incitant le gouvernement à revoir son modèle économique. Parmi ces parades, on cite, en exemple, l'importance donnée par le gouvernement à l'entreprise avec ces 24.000 entreprises privées, créées durant les 3 dernières années, l'équivalent de 70% du total créé depuis plus de 10 ans, explique Sellal.

Dans le même ordre d'idées, il insiste sur l'importance du tourisme et son rôle, dans la diversification de l'économie nationale. Pourtant, et au-delà de ces annonces de bonne volonté, l'Etat qui revendique la création d'emplois est en train de tout faire pour déstructurer des secteurs entiers, dans sa volonté de faire des économies, en lorgnant sur les factures de l'importation. Ainsi et pour illustrer cet état des choses, les licences d'importation des véhicules risquent d'envoyer des milliers de travailleurs au chômage.