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Ténès: Un drame humanitaire aux portes de la ville

par Bencherki Otsmane

Les réfugiés subsahariens, notam-ment des nigériens, commencent à investir les principales artères et places publiques de la ville côtière de Ténès, située à une quarantaine de km du

chef-lieu de wilaya.

Généralement, ce sont des couples avec deux ou trois enfants qui ont décidé de s'installer aux points névralgiques de la ville en quête d'aumône, de nourriture ou de vêtements. Cependant, si l'hospitalité ancestrale dont jouit la ville de Ténès est légendaire et que ces malheureux réfugiés ne pourront jamais mourir de faim grâce à la générosité des gens, par contre le problème de santé publique se pose avec acuité. Tout d'abord pour les enfants dont la majorité sont des bébés qui sont constamment exposés aux aléas climatiques et aux maladies. Puis l'absence de sanitaires publics qui font cruellement défaut. Certes, même s'il existe des toilettes avec de l'eau courante au niveau de certains cafés, il n'en demeure pas moins qu'ils demeurent difficilement accessibles particulièrement à la gent féminine et les enfants de ces subsahariens. Seules les deux mosquées de la ville offrent pour l'heure à ces réfugiés, dans la mesure où elles restent ouvertes, un lieu qui leur permet de se laver ou de faire leurs besoins. Toutefois la situation de ces personnes ayant fui la famine dans leurs pays serait plus qu'alarmante, surtout au cours de la période de Ramadhan et des fortes chaleurs. Les pouvoirs publics sont plus que jamais interpellés pour assurer « un logis » à ces malheureuses familles à défaut d'être renvoyées dans leur pays. A titre de rappel, les autorités de Chlef ont organisé en février dernier une reconduction aux frontières de 230 nigériens qui avaient élu domicile au chef-lieu de wilaya. Cette opération a été rendue nécessaire devant l'afflux de ces migrants vivant de mendicité et qui posait un problème de santé publique et de sécurité. Il faut souligner que dès leur arrivée sur le sol de la wilaya, les pouvoirs publics, dans un élan de solidarité, ont ouvert un centre d'hébergement au niveau de la commune d'Oued-Sly pour ces nouveaux venus mais ces derniers ont vite déserté les lieux pour s'installer au niveau des principales artères de la ville de Chlef. Apparemment, ils préfèrent mendier en demandant de l'argent et refusent toute assistance. C'est du moins ce qui ressort d'une confidence qui nous été faite par un couple ayant à charge deux enfants, qui nous dira : « j'ai fui mon pays à cause du chômage qui y sévit et je compte y retourner dès que j'aurais amassé assez d'argent pour rejoindre ma famille dont mes trois autres enfants que j'ai laissés au Niger chez mes beaux-parents ». Notre interlocuteur nous confia que « la générosité de la population locale devra me permettre de regagner mon pays plutôt que prévu ». Quant à travailler dans le bâtiment ou dans l'agriculture, il semblerait que cette hypothèse n'est pas envisagée par ces migrants du fait des restrictions imposées par la loi en matière de travail mais surtout, faut-il le reconnaître, ces réfugiés « gagnent » plus en mendiant qu'en travaillant. Pour l'heure, on ne sait pas combien de temps ces « expatriés », disséminés un peu partout à travers les plus grandes villes de la wilaya, vont rester chez nous et surtout de savoir si des mesures ont été prises pour alléger la souffrance de ces familles, notamment à l'approche du ramadhan et des grandes chaleurs.