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Si l'opposition est populiste...

par Kharroubi Habib

Au cours de la conférence de presse qu'il a tenue lundi au lendemain de la clôture du congrès du RND l'ayant confirmé au poste de secrétaire général du parti, Ahmed Ouyahia a évoqué la situation économique du pays laquelle, a-t-il reconnu, lui inspire de l'inquiétude. Il a appelé à tout faire pour éviter à l'Algérie le retour à l'endettement extérieur. Il a émis des propositions et mesures à mettre en œuvre qui pourront lui éviter d'en être réduite à cet endettement externe qui ferait revenir le FMI chez elle. Pour que ce qu'il propose soit réalisable et contribue à éviter à l'Algérie le retour à cette situation qui lui a valu les dures années qu'elle a traversées, Ouyahia préconise d'en finir avec le «populisme». Mais le paradoxe est que c'est à l'opposition qu'il fait reproche de faire dans le populisme. Ce qui induit qu'il lui impute la responsabilité de la situation financière dans laquelle le pays se débat et pourrait le conduire à l'endettement extérieur. Il fallait bien à Ouyahia faire preuve de mauvaise foi s'agissant de situer qui a concouru à mettre l'Algérie dans cet état. Il ne peut en effet en rendre responsables le système et le pouvoir qu'il sert avec zèle, alors il tape sur l'opposition.

Il n'y a pas longtemps pourtant, ce même Ouyahia qui voyait son avenir politique compromis avait fustigé les adeptes du populisme mais en pointant Abdelmalek Sellal et son équipe gouvernementale qu'il a accusés de pratiquer cette doctrine au détriment des intérêts du pays. Maintenant qu'il est remis en selle, il tente de faire oublier qu'il a trouvé à redire sur l'action et la politique gouvernementale. Il est naïf et pour tout dire farfelu d'attendre d'Ouyahia qu'il analyse pour l'opinion publique les tenants et aboutissants de la situation économique et financière dans laquelle l'Algérie se débat et encore moins qu'il lui en pointe les responsables. Le discours de vérité n'a jamais été dans son registre.

S'en prendre à l'opposition, la désigner comme étant cause de ce qui va mal ou menace l'Algérie n'est pas nouveau de la part d'Ouyahia. Mais en lui imputant la catastrophe économique bilan des mandats de Bouteflila et de ceux (dont lui) qui ont géré l'Algérie, Ahmed Ouyahia pousse trop loin dans le cynisme politique, et a administré une fois de plus la preuve du mépris qu'il porte à l'intelligence des Algériens et à leur capacité d'apprécier qui des acteurs politiques nationaux oeuvrent réellement pour les intérêts de la Nation.

Depuis plus de deux décennies qu'il est au cœur du pouvoir qui a mené le pays au mur, et qu'il a une grande part de responsabilité personnelle dans les échecs à répétition qui y ont conduit, Ahmed Ouyahia devrait pour le moins se faire moins arrogant et plus à l'écoute de l'extérieur du sérail courtisan et prédateur.