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«La Voix de l'Oranie» et «Sawt el Gharb» toujours absents des kiosques

par Houari Barti

La voix de l'Oranie et son corolaire en langue arabe, « Sawt El Gharb », les deux journaux régionaux, édités à Oran par la Sarl OPS (Oran Presse Service) étaient toujours absents, hier, des étals des kiosques.

Une suspension d'édition, en vigueur depuis dimanche dernier, et qui a été décidée par le patron des deux journaux, M. Abdou Ghanem, pour des raisons « purement économiques » vu que les deux titres sont dans une situation « déficitaire » pour défaut de publicité.

Rencontrés, hier, au siège des deux journaux, dans le quartier Boulanger, les employés des deux titres qui se sont dotés récemment, d'une section syndicale affiliée à l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) « restent plus que jamais mobilisés pour préserver leur outil de travail, mais surtout, à défendre la pérennité d'un journalisme de proximité, devenu aujourd'hui, une véritable tradition, à Oran ». La salle de rédaction des deux titres était, toujours, active hier, où journalistes et techniciens s'attelaient à préparer le numéro du lendemain de la version ?web' des deux titres. C'est une « question de principe » et de « respect » par rapport à nos lecteurs de maintenir, au moins l'édition de la version ?web' en attendant que les choses évoluent vers une reprise de l'édition des versions papier, affirme, le journaliste Hakim Bendaha, également président de la section syndicale de la SARL OPS, éditrice des deux titres. Le syndicaliste a tenu, tout d'abord, à rappeler que les difficultés financières des deux journaux ne datent pas d'aujourd'hui. « Déjà en 2009, a-t-il affirmé, nous avons dû nous soumettre à un arrêt total d'édition qui avait duré 13 jours, suivi d'une deuxième crise en 2012 ponctuée par un arrêt qui avait duré, cette fois-ci, près d'une semaine. Lors de cette crise de 2012, a-t-il indiqué, une commission de veille composée, notamment, de journalistes des deux titres, a été mise sur pied, avec comme mission principale de proposer des mesures pratiques à même de rectifier le tir, en matière de gestion. Mais avec l'avènement de la crise générale qui touche, actuellement, l'ensemble de la presse écrite algérienne, notamment en matière d'offre et de distribution de la publicité, par l'ANEP, les difficultés financières de ?La Voix de l'Oranie' et de ?Sawt El Gharb' ont fini par refaire surface, et ce, dès janvier dernier », a-t-il rappelé. « Une évolution, a-t-il souligné, qui nous a amené à nous déplacer, à Alger, pour prendre langue avec des cadres du ministère de la Communication et prévenir, ainsi, la disparition de deux titres emblématiques de la région ouest. On a même été reçu par le directeur général de l'ANEP qui a été très sensible à nos doléances et qui nous a incité à tenir bon en nous promettant une amélioration de l'offre publicitaire de l'Agence, dès cette mi-mai. Mais entre temps, la direction des deux journaux a décidé de suspendre l'édition papier, ce qui nous met, aujourd'hui, dans une situation peu confortable car cela nous exclut, de facto, à prétendre bénéficier de la pub même si le marché devait connaître une embellie.

Outre cette décision de suspension d'édition, la direction du journal nous a proposé, avec insistance et à deux reprises, de sortir, collectivement, en congé payé. Une proposition qu'on a évidemment refusée tant elle ne répond à aucune utilité ni pour le journal ni pour ses travailleurs », indique M. Bendaha.

De leur côté, les journalistes ont été unanimes à dénoncer ce qu'ils qualifient de « pressions psychologiques » exercées sur eux par l'administration du journal, en vue de les pousser à sortir en congé. Il s'agit-là, selon les mêmes sources, d'une entreprise qui pourrait être interprétée comme « une tentative qui vise, tout simplement, à vider les locaux du journal des travailleurs, en vue de signer, définitivement, son arrêt de mort ». On note, enfin, que toutes nos tentatives de prendre langue avec le patron des deux journaux, M. Abdou Ghanem sont restées, sans suite.