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Paradis fiscal au Panama: 22 Algériens cités dans le scandale des «Panama papers»

par Moncef Wafi

L'enquête sur le monde opaque de la finance offshore et des paradis fiscaux, menée durant une année par le «International consortium of investigative journalists (ICIJ) continue de livrer les noms des personnes impliquées dans le scandale du «Panamas papers».

Les nouvelles révélations mettent en lumière plusieurs Algériens, personnes physiques et morales, détenteurs de sociétés offshores, domiciliées au Panama.

Des personnalités médiatiques par ricochet ou tout simplement des illustres inconnus, probablement des paravents, hypothèse difficile à vérifier, d'autant plus que la justice algérienne, au contraire des autres pays, ne s'est pas auto-saisie de ce dossier. Parmi les 22 identités dévoilées, on retrouve la Banque extérieure d'Algérie actionnaire de la société offshore «Algerian Saudi Leasing (ASL)» LTD, créée par le cabinet panaméen «Mossack Fonseca» en décembre 1990, par l'intermédiaire de la société «Arab Leasing International Finance», filiale du groupe saoudien Al Baraka, basé à Djeddah et détenant une adresse à Hingbo City, en Chine. ASL est enregistrée aux îles Vierges britanniques et est basée à Tunis. Parmi la liste on retrouve Amine Zerhouni, le fils de l'ancien ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni.

Selon le Huffington Post Maghreb, «Carrant Plus Ltd», la société offshore dont il était actionnaire avait été créée par le cabinet panaméen, en avril 2007 et par l'intermédiaire de Portridge Invest Limited, une structure à l'origine de la création de 331 sociétés offshores, dans différents lieux considérés comme des paradis fiscaux. Elle a, depuis, été «radiée» en octobre 2010, puis dissoute la même année, précise le site, qui indique que ladite société, également enregistrée aux îles Vierges britanniques, était basée au Royaume-Uni.          

Le nom de Amar Boudiab, industriel et actionnaire du club MO Béjaïa, est, également, cité comme étant impliqué dans la société offshore International Trading Capital Corp, basée à Monaco et enregistrée aux îles Vierges britanniques. Par ailleurs, le site d'information le Desck, a révélé, sur la base des documents du «Panama papers» que Mme Najat Arafat, l'épouse de l'ancien ministre de l'Energie Chakib Khelil, connue comme étant, pourtant, sans activité, était à la tête de la société «Carnelian Group Inc» en 2005 et Parkefort Consulting Inc, en octobre, de la même année.

Deux sociétés basées au Panama. Najat Khelil a cédé les deux sociétés à Omar Habour, connu pour être un intime du couple Khelil. Selon la même source d'informations, elle aurait engagé des démarches au Panama, afin de dissimuler la possession de comptes bancaires en Suisse. Le nom de l'épouse de Khelil, qui continue sa tournée des zaouias, vient rejoindre la liste des proches de l'ancien ministre de l'Energie déjà cité dans la première fournée des révélations de l'ICIJ. Son neveu Réda Hemche, et ses proches Farid Bedjaoui et Omar Habour, déjà cités dans l'affaire Sonatrach 2, par la justice italienne, pour une affaire de pots-de-vin de 198 millions d'euros, versés par l'entreprise pétrolière Saipem, en échange de contrats avec la Sonatrach. Selon «Le Monde», le cabinet financier au centre du scandale, Mossack Fonseca, a créé des sociétés offshore pour Farid Bedjaoui, dont l'une d'elles, «Pearl Partners», basée à Honk Kong, a reçu un virement de 198 millions de dollars, sur un compte émirati.

A partir de là, une partie de la somme a atterri dans un compte en suisse de la banque Edmond de Rotschild SA, où il y dispose d'un mandat de gestion pour la société «Sorung Associates Inc.» où cet argent a été versé. Dans cette même banque, Réda Hemche a, également, disposé d'un compte en banque approvisionné de 1,75 million de dollars, entre l'été 2009 et janvier 2010, détaille Le Monde.

Au total, le nom de Bedjaoui apparaît dans au moins 17 sociétés offshore, domiciliées au Panama, aux îles Vierges britanniques et aux Émirats arabes Unis. Le fils de l'ex-président Chadli Bendjedid, Tewfik Bendjedid avait déjà été cité, au même titre, que celui du toujours ministre de l'Industrie et des Mines, Bouchouareb qui a détenu une société établie au Panama, la «Royal Arrival Corp» (RAC), créée en avril 2015, à travers la société de domiciliation d'entreprises offshore Mossack Fonseca. La justice algérienne va-t-elle se pencher sur ces noms et ouvrir une enquête? Rien n'est moins sûr d'autant qu'il y a, dorénavant, le précédent Bouchouareb.