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Tlemcen : Des consortiums en attendant mieux...

par Khaled Boumediene

L'expert et consultant de l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), Nouad Mokrane, a expliqué lundi dernier à Tlemcen que les consortiums d'exportation sont un outil efficace, non seulement pour l'accès aux marchés, mais aussi pour le développement du commerce extérieur et permettent aux petites et moyennes entreprises de surmonter les contraintes de l'export. «La première étape pour nous était l'établissement d'un consortium de l'industrie alimentaire. Il y a deux ans, nous avons organisé des assises sur l'agroalimentaire pour quelque 500 opérateurs et on s'est posé la question : pourquoi l'Algérie n'exporte-t-elle pas ? Pourquoi importons-nous 10 milliards de dollars de produits alimentaires et n'exportons que 200 millions de dollars ?

On a fait une étude, une comparaison entre les pays voisins comme la Tunisie ou le Maroc et les autres pays méditerranéens, et on s'est aussi posé la question pourquoi ces pays arrivent-ils à exporter et l'Algérie non? Nous avons ensuite avancé dans la réflexion et nous nous sommes rendus compte que l'acte d'exporter n'est pas spécialement individuel, et ces pays se sont d'abord structurés en optant pour un concept qui est le consortium d'exportation. C'est un nouveau concept qui a été créé dans les années 80. Nous avons compris que l'Algérie devra, elle aussi, suivre cette voie si elle veut exporter hors hydrocarbures. Une campagne nationale de sensibilisation des PME a été conduite par les experts de l'ONUDI avec plusieurs organisations publiques et privées. Le résultat est aujourd'hui de 7 consortiums juridiquement constitués dans les filières des produits de consommation animale et laitière, l'agro-céréale, les intrants de l'agroalimentaire (arômes, assaisonnements?), le multisectoriel qui englobe toutes les industries, les dattes dans 10 wilayas à fort potentiel, les boissons, les miels, les olives et autres produits aqua-pêches. Tous ces consortiums sont en train de développer leurs outils promotionnels : logo, brochures, sites Internet. Les efforts visant à créer un cadre incitatif pour le développement de consortiums d'exportation doivent mener à d'importants résultats, notamment la mise en place, par les ministères de l'Industrie et du Commerce, d'un fonds d'appui pour les consortiums d'exportation. Ce fonds cofinance principalement les activités promotionnelles des consortiums pendant les premières années, a-t-on souligné lors de la rencontre régionale sur «le développement du commerce extérieur» organisée par la chambre de commerce et d'industrie (CCI-Tafna) en collaboration avec la CAGEX au siège de l'APW de Tlemcen. A l'ouverture de cette journée où plusieurs questions liées au développement des échanges commerciaux, importation et exportation, ont été abordées le président de la CCI-Tafna Abdelhak Boublenza a indiqué : « Notre pays est frappé de plein fouet par la chute du prix du pétrole. Ce pétrole représentait 98% des recettes d'exportation. Aujourd'hui, cette situation nous interpelle pour étudier les différentes solutions pour diversifier notre économie et nos activités pleines de ressources. Nous avons en premier lieu le développement de l'agriculture qui nécessite des réformes fondamentales et l'agroalimentaire qui doit jouer un rôle de première importance. Si nous vendons nos oranges à 100 euros la tonne, nous pouvons vendre les dérivés de l'orange, la vitamine C naturelle à 100.000 euros environ le kg. Cela veut dire que nous ne devons pas nous contenter de vendre la datte au kg, mais que nous devons développer les sous-produits agricoles et forestiers. Plus nous transformons nos produits agricoles, plus la plus-value est importante. Il faut mettre en valeur les molécules naturelles pour soutirer le maximum de l'exportation de nos dérivés issus de nos produits agricoles et forestiers.

Nous avons en second lieu le développement du tourisme et des activités artisanales qui doivent jouer leur rôle et permettront à notre pays de diversifier son économie. Nous avons d'autres activités industrielles à développer. Ces activités permettront à notre pays d'exporter. Comme par exemple les câbles électriques des machines agricoles, textiles, des matériaux de construction, tels les faïences, marbres et dérivés. Est-il normal que les Algériens n'ont toujours pas le droit de se développer dans la téléphonie mobile, l'internet, les banques, le transport maritime, la pétrochimie et les activités pétrolières. Ce sont là des secteurs où il y a une vraie possibilité pour se développer et créer des industries motrices. Il existe aussi l'exploitation minière qui est entièrement à revoir».