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Négociations sur la Syrie : l'écueil de la composante des participantes

par Kharroubi Habib

Pour que les discussions sur la Syrie qui doivent en principe se tenir fin janvier à Genève sous l'égide de l'ONU puissent effectivement démarrer, il faut au préalable que les parrains qui ont convenu du principe s'entendent sur qui parmi les belligérants du conflit syrien autoriser à prendre part à la table des négociations. Ils ont pour rappel confié à un comité présidé par la Jordanie le soin de faire le tri et dresser la liste des participants.

Il est cependant vite apparu que c'est la mission pratiquement impossible pour ce comité dont les membres ne parviennent pas à s'entendre sur la classification de ces belligérants permettant de les rendre éligibles ou non à prendre part aux négociations. Ce dont a rendu compte lundi soir le ministre des Affaires étrangères jordanien qui tout en rapportant qu'il y a eu consensus « absolu » au sein du comité sur le fait que Daech et le Front El Nosra sont terroristes et donc exclus des négociations de paix, a reconnu qu'il y a divergence quant à ceux des autres belligérants syriens qui pourront y prendre part.

Comme il fallait s'y attendre, l'Arabie saoudite et ses alliés ne veulent pas entendre parler de la participation aux pourparlers de paix des milices et autres factions armées qui combattent au côté du régime la rébellion armée qu'ils soutiennent. De leur côté, les appuis du régime ne voient dans la majorité des groupes armés constituant la rébellion syrienne que des organisations terroristes dont ils refusent la présence à la table des négociations. Il apparaît impossible que les deux camps puissent parvenir à un « compromis » sur le sujet, d'où le doute que les discussions de Genève puissent finalement avoir lieu. Doute qui se renforce d'autant que certaines puissances ayant donné leur accord formel à l'ouverture des négociations de paix sur la Syrie semblent exclure que celles-ci aient d'autre aboutissement que le départ de Bachar El Assad et le démantèlement de son régime. Ce qui donne à comprendre qu'elles encourageront leurs « protégés » syriens à s'en tenir à cette exigence.

L'Arabie saoudite qui s'en tient obstinément au départ de Bachar El Assad et la chute du régime syrien pense avoir fait œuvre d'anticipation à l'échec des pourparlers de Genève en ayant constitué une coalition d'Etats « musulmans » (sunnites bien entendu) en vue d'une intervention militaire au sol qui sous prétexte d'en finir avec Daech permettrait à la rébellion armée anti-régime à la composante controversée de prendre le dessus sur les forces loyalistes de ce dernier.

L'on voit que l'horizon qui se profile dans le conflit syrien ne prête pas à une grande lueur d'optimisme malgré l'apparent consensus international auquel sont parvenues les puissances qui y sont impliquées sur l'option de sa résolution par la voie de la négociation politique. Ce qui se déroule sur le terrain depuis qu'elles ont officialisé leur «consensus» démontre qu'en réalité chaque camp reste convaincu que le conflit n'a d'autre issue que militaire et s'emploie à tenter de la réaliser.