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Foire de la production nationale: De la couleur des taxis à la loi de finances 2016

par Ghania Oukazi

Le Premier ministre a inauguré hier la 24ème édition de la foire de la production nationale en compagnie de l'ensemble des membres de son gouvernement, des représentants des institutions de l'Etat et ceux de la société civile.

Le Palais des Expositions a vibré hier sous les coups de fusil des groupes folkloriques et des airs musicaux du terroir, le tout agrémenté par la présence de deux danseuses kabyles qui avaient beaucoup retenu l'attention des officiels qui attendaient l'arrivée du 1er ministre. Il y avait un monde fou qui s'était amassé devant l'entrée du hall central, premier point de la visite officielle des pavillons des exposants. Tout ce monde suivait le pas de Abdelmalek Sellal qui a pris la peine de s'arrêter pratiquement devant toutes les entreprises nationales exposant dans cette partie de la foire. L'on se demande quelle est l'utilité de convoquer tous «ces personnels » pour une inauguration classique qui a duré à peine une heure. Attendue par la presse pour des déclarations sur certaines questions de l'heure, le 1er ministre n'a pas daigné en faire en raison très certainement de la cohue qui jouait des coudes pour se retrouver près de lui. Dure épreuve pour les journalistes qui étaient à l'écoute du moindre mot qu'il lâchait. Sellal a bien compris que toute déclaration au milieu d'une telle bousculade entre officiels, cadres et personnels de la presse n'allait pas avoir l'écho escompté.

Nous apprenons cependant que lors du Conseil du gouvernement qu'il a présidé dans la matinée d'hier, le 1er ministre s'est dit offusqué par cette information qui a fait savoir que les chauffeurs de taxis protestent contre la décision de leur faire changer de couleur de véhicule. Décision prise par le wali d'Alger qui a cru, dit-on, « bien faire». Mais l'on susurre dans toute la capitale que le changement de teinte aux taxis serait un subterfuge pour juste faire gagner de l'argent à une entreprise appartenant à «un officiel». Le calcul est simple. Il existe près de 32.000 taxis dans Alger, la peinture coûte 20.000 dinars l'unité. Le wali a prétendu que la couleur rouge et noire leur conviendrait bien. Non seulement il aurait provoqué un malaise parmi les frères ennemis du football algérois qui sont l'USMA et le MCA mais il aurait aussi fait perdre inutilement de l'argent aux caisses de la wilaya pour les verser dans une autre «privée».

Le 1er ministre a refusé catégoriquement de laisser passer une telle décision qui, a-t-il dit selon des échos du palais du gouvernement, « est d'une absurdité absolue en ces temps d'austérité et de bien plus urgent à faire». En inaugurant la foire de la production nationale, Sellal n'avait en outre, même pas à ré-expliquer les articles 66 et 71 de la foi de finances 2016 qui provoquent un malaise au sein des entreprises nationales. A défaut de lister les entreprises stratégiques non concernées par l'article 66 qui prévoit l'ouverture du capital public national au privé national résident, le gouvernement a, nous dit un responsable présent à la foire, «préféré faire marche arrière et ne parler que de l'investissement et du partenariat pour prouver qu'il n'est pas du tout question de privatisation». L'article 71 a été déjà clarifié par le 1er ministre lors de sa visite samedi dernier à Sétif. Sellal avait affirmé que l'article en question ne peut s'appliquer «qu'en cas de nécessité accrue d'un transfert budgétaire d'un secteur vers un autre et avec l'aval seul du 1er ministre».

Ce sont 382 entreprises nationales qui exposent à la 24ème édition de la foire de la production nationale qui sera ouverte au public à partir d'aujourd'hui et ce jusqu'au 29 du mois en cours.