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Paris : assaut du Raid à Saint Denis - Deux présumés terroristes abattus

par Moncef Wafi

Un assaut policier de grande envergure s'est déroulé, hier, pendant sept heures, en plein cœur de Saint-Denis, au nord de Paris, dans le cadre de l'enquête sur les attentats de vendredi.

L'objectif du Raid : des suspects retranchés dans un appartement. Abdelhamid Abaaoud, considéré comme le cerveau des attaques déjouées en janvier à Verviers en Belgique et qui serait le commanditaire des attaques sur Paris, était la cible principale de cette opération qui a commencé à 4h du matin. Le bilan final de l'assaut est de deux morts, dont une femme qui a fait exploser la ceinture d'explosifs qu'elle portait, tuant une chienne d'assaut, un berger belge malinois, envoyée dans l'appartement «pour jauger la menace à l'intérieur». Sept personnes parmi les terroristes présumés et leurs complices ont été placées en garde à vue, mais il ne s'agit ni de Abaaoud ni de Salah Abdeslam. Trois policiers du Raid ont été blessés durant les échanges des tirs. Les policiers d'élite du Raid ont extrait trois hommes de l'appartement, immédiatement placés en garde à vue. Quatre autres personnes ont également été interpellées : deux dans des appartements voisins, et deux autres à proximité.

Parmi les placés en garde à vue, le Dionysien, âgé d'une trentaine d'années, qui a prêté cet appartement aux djihadistes et qui a raconté ne pas connaître l'identité de ses «locataires» venus de Belgique. «Un ami m'a demandé d'héberger deux de ses potes pour quelques jours», racontera-t-il aux policiers expliquant avoir mis à leur disposition un logement situé 8, rue du Corbillon. «On m'a demandé de rendre service, j'ai rendu service, je n'étais pas au courant que c'était des terroristes», plaidera-t-il pour sa défense. A l'origine de cet assaut, un téléphone, retrouvé dans une poubelle à proximité du ?Bataclan' et utilisé par les terroristes, vendredi, aurait orienté les enquêteurs. L'exploitation de l'appareil a «permis d'obtenir des éléments qui pouvaient laisser penser que le dénommé Abaaoud était susceptible de se retrouver dans un appartement conspiratif, à Saint-Denis», selon le procureur de Paris. Il contenait un SMS, envoyé à 21h42, juste avant l'attaque de la salle de spectacle, disant «On est parti, on commence». La recherche de géolocalisation aurait mené à un point de chute du commando dans, un appartement de résidence hôtelière loué au nom de Salah Abdeslam, Alfortville (Val-de-Marne). Le propriétaire du téléphone y était passé avant les attaques de vendredi. Le logement d'Alfortville a été perquisitionné par les enquêteurs, de même qu'un deuxième site, un pavillon de Bobigny (Seine-Saint-Denis), loué par Brahim Abdeslam, du 10 au 17 novembre.

Ce mercredi, vers 04h20, la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire et le Raid lancent l'assaut contre un « un groupe armé retranché dans un appartement, dans le centre piétonnier de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Une fusillade s'en suit. A 05h, les tirs reprennent alors que le quartier est complètement bouclé par les forces de l'ordre. A 07h30, de fortes détonations sont entendues, trois heures après le début de l'opération ponctuée d'intenses fusillades. Une demi-heure plus tard, des sources policières annoncent la mort de deux des suspects alors qu'un autre suspect est encore retranché à l'intérieur de l'appartement. Vers 09h20, le parquet annonce que cinq gardes à vue sont en cours, dont trois concernant des occupants de l'appartement, ainsi qu'un homme et une femme interpellés à proximité immédiate de l'immeuble. Ancien chef des négociateurs du Raid, Christophe Caupenne explique l'intervention, en pleine nuit, par les conditions de l'état d'urgence qui l'autorise. «On intervient en force parce qu'on ne sait pas combien d'individus sont retranchés à l'intérieur et qu'on peut tomber sur des gens déterminés à mourir les armes à la main», dira-t-il à la presse. A propos de la nature des forcenés, il expliquera que ce sont «des individus qui se battent comme sur un champ de bataille.

C'est une situation de guerre, un conflit classique tel qu'on les connaît, avec une position armée et des individus retranchés dans leur environnement», insistant sur le travail des renseignements. «Si cela se trouve, on a beaucoup plus de terroristes présents sur le sol national qu'on ne le pense», ajoutera-t-il.