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PEUR PANIQUE EN EUROPE

par Yazid Alilat

La France est effectivement en état de guerre. Les effets des attentats de vendredi soir à Paris n'arrêtent pas de réveiller les multiples portes de cette boîte de Pandore que Paris a ouverte. La guerre contre le terrorisme n'est plus virtuelle mais bien présente aujourd'hui en Europe où le terrorisme international semble avoir bien pris racine. La France comme de nombreux pays européens, toujours prompte à revendiquer la démocratie partout dans le monde sans étudier les réalités sociales et ethniques des pays où elle s'ingère, est en train de récolter les fruits d'une démocratie interventionniste et, surtout, fait les frais d'un apprenti sorcier qui a réveillé les vieux démons.

En Europe comme en France, la peur semble avoir changé de camp, la crainte des attentats terroristes est réelle, il ne s'agit plus des rues de Baghdad ou de Damas, de Beyrouth ou d'Alger, non, c'est Paris, Londres et d'autres villes d'Europe qui sont aujourd'hui dans cette effrayante configuration de la peur d'actes terroristes. Une hantise viscérale d'attentats terroristes imprévisibles, mais qui reflètent parfaitement cette intrusion du terrorisme dans la société européenne. Car à force de vouloir jouer les apprentis sorciers au Proche et Moyen-Orient, beaucoup de pays ont indubitablement activé une bombe à retardement et mis en ligne sur les réseaux électroniques les cordons détonants d'un désordre politique dans les pays arabes où, paradoxalement, l'urgence n'était pas à la démocratie, comme revendiquée par les Etats-Unis ou l'Union européenne, mais à faire baisser la pression du régime Assad.

La société civile arabe n'avait pas revendiqué la démocratie mais le départ de régimes corrompus, elle n'avait pas privilégié les armes mais la voie pacifique. Les régimes en place, honnis par leur peuple, ont résisté et combattu les forces extérieures qui ont planifié leur chute. En ouvrant la voie à l'émergence de forces anti-Assad, anti-Kadhafi, anti-Saddam, les pays européens et les Etats-Unis ont sans doute financé et armé ceux-là mêmes qu'on désigne aujourd'hui comme les terroristes qui menacent la paix et la sécurité dans le monde. Il est clair maintenant que la France, choquée de voir que ses propres ressortissants, peu importe leur origine, sont ceux-là mêmes qui s'attaquent à elle parce qu'elle combat en Syrie Daech, semble acculée à faire le ménage chez elle. Et, dans la foulée, oublier que le phénomène du terrorisme est une des conséquences fatales de son interventionnisme militaire, de son ingérence dans des dossiers qu'elle a traités maladroitement.

Ce qui est nouveau dans cette vague de terreur qui submerge la France depuis au moins quatre ans, depuis le « Printemps arabe », c'est que les services de renseignement français n'ont pas vu venir la menace sur le sol français. Une guerre contre le terrorisme, hélas encore une fois, n'est pas virtuelle, mais permanente, sans concession ni compromis. Du reste, la France aura réussi la gageure de provoquer une peur panique en Europe et, surtout, importer sur le sol européen les conflits du Proche-Orient. Durablement, car les jeunes qui alimentent les troupes de Daech sont issus du sol européen.