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Recrutement de djihadistes pour combattre à l'étranger : L'Algérie moins touchée

par Yazid Alilat

Les services de sécurité, en particulier l'Armée nationale populaire (ANP) ont mis en place des dispositifs de prévention et de lutte contre le terrorisme transfrontalier, en particulier la sécurisation des frontières et la lutte contre les réseaux recruteurs de djihadistes. Le directeur général des libertés publiques et des affaires juridiques au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, Mohamed Talbi, a affirmé hier dimanche à la radio nationale, moins de 48 heures après les sanglants attentats terroristes à Paris, que la question de la sécurité du pays »a toujours été une priorité nationale». Interrogé sur les mesures prises par les services de sécurité pour prévenir des attentats terroristes, il a rappelé que «la sécurité nationale a toujours été une priorité pour toutes les institutions de l'Etat, sans exclusive». «Elle passe, bien sûr, par la sécurité des frontières ; car avec ce qui se passe dans les pays voisins, nos frontières sont menacées par des groupes terroristes et toutes sortes de menaces». «Les résultats sont encourageants», a-t-il dit. Selon lui, la densification de la présence de l'Etat partout sur le territoire national, notamment avec la mise en place de wilayas déléguées, a permis de bien réaliser un maillage de toutes les régions du pays, car on était «conscients des dangers qui guettaient nos frontières». M. Talbi précisera en outre que «notre souci majeur, c'est de renforcer la présence des institutions souveraines au sens plein du terme, en particulier dans les zones frontalières». «Ces zones, a-t-il souligné, vont enregistrer une densification du développement rural», avec la mise en place des wilayas déléguées qui seront par la suite reconverties en wilayas avec toutes les prérogatives.

Sur le chapitre proprement dit de la lutte contre le terrorisme et les réseaux de recrutement de jeunes Algériens pour aller se battre en Syrie, M. Talbi a d'abord rappelé que les années de terrorisme «nous ont ramenés des années en arrière». «Mais, maintenant, on n'enregistre plus les mêmes situations que nous avons vécues, et donc il est temps d'orienter les efforts sur ces régions et rattraper le retard» en matière de développement local. Selon M. Talbi, le ministère de la Défense nationale a mis en place un nouveau dispositif contre «ceux qui veulent rejoindre les terroristes à l'étranger». Une banque de données sur les réseaux et filières de recrutement a été mise en place «pour alimenter ceux qui s'occupent de prévenir le recrutement de jeunes Algériens, qui veulent aller combattre avec les terroristes au Moyen-Orient», a-t-il dit précisant que «les filières étant connues, ce dispositif a eu des résultats positifs, puisque nous sommes un pays qui a été le moins touché par ce phénomène de recrutement». M. Talbi a annoncé qu' «il y a moins d'une centaine de jeunes Algériens à avoir été recrutés» par les réseaux djihadistes. Le recrutement se faisant par Internet, les réseaux sociaux, «la société est donc interpellée pour prévenir ce genre d'embrigadement», a-t-il estimé, car, «les recruteurs contactent personnellement les jeunes pour rejoindre ces groupes» terroristes. Et, «les résultats positifs ont été enregistrés par les services de sécurité grâce à la surveillance des communications de ces recruteurs, qui ne sont pas ici en Algérie et ne courent aucun risque.

Il faut donc protéger ces jeunes contre ces gens-là», a préconisé M. Talbi pour qui « les jeunes sont victimes de ces réseaux, et donc il faut les protéger». Il ajoutera par ailleurs que «les résultats de ce dispositif sont très encourageants. On essaie d'adapter notre arsenal juridique pour lutter contre ce phénomène».

Quant à la collecte de fonds dans les mosquées, M.Talbi a indiqué un chiffre de six milliards de dinars collectés entre 2013 et 2014, et «cela nous a posé un problème pour connaître leur traçabilité». Pour la collecte de fonds dans les mosquées, il a annoncé l'envoi d'une circulaire du ministère de l'Intérieur aux walis pour l'organiser. «Certains profitent de la naïveté des bienfaiteurs pour amasser des sommes dont certains ne connaissent pas la destination». «Ces quêtes sont régies par une législation dépassée, et donc il faut connaître où va cet argent avec une nouvelle législation», a souligné M. Talbi, qui a annoncé en parallèle qu'il y a un texte en préparation pour encadrer les associations religieuses. «C'est une question très sensible qu'il va falloir encadrer sans soulever d'équivoque», a-t-il dit. D'autre part, le directeur des libertés publiques et des affaires juridiques au ministère de l'Intérieur a affirmé que son ministère a une priorité, celle de l'administration électronique, avec la numérisation de tous les documents administratifs. La prochaine carte d'identité biométrique, qui devrait être délivrée vers le début 2016, va avoir deux puces, l'une pour l'identité, l'autre pour l'e-services, ce qui «va enlever toutes les tracasseries administratives». Enfin, il a indiqué que les élections pour les futurs membres du Conseil de la Nation sont prévues le 29 décembre prochain, avec le renouvellement de 48 membres.