Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

LES «AFGHANS» DE L'EUROPE

par Moncef Wafi

Les attentats de Paris, revendiqués sans surprise par Daech, reposent en des termes d'actualité et d'urgence la présence de combattants aguerris par l'expérience syrienne et irakienne aux têtes de pont dans les capitales européennes.

Le mal de l'Europe réside dans ces combattants étrangers qui détiennent des passeports de pays de l'Union européenne qui représentent la plus grande menace actuelle contre les intérêts européens et américains puisqu'ils peuvent se fondre dans le décor froid du Vieux Continent. Et ils sont nombreux ces djihadistes puisqu'ils sont estimés facilement en septembre dernier à 3.000, selon le coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme. Presque tous les pays européens ont leurs djihadistes, aussi bien la France, qui représente le plus grand contingent, que la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, la Suède et le Danemark, mais aussi l'Espagne, l'Italie, l'Irlande et l'Autriche.

Le plus problématique pour les services de renseignement européens, c'est que les analystes estiment entre 20% à 30% de ces ressortissants ou résidents européens qui sont rentrés chez eux. Si certains ont repris plus ou moins une vie normale, une partie radicalisée représente une menace et c'est ce qui inquiète Bruxelles. Dans ce cas de figure, l'Algérie s'estime mieux lotie puisqu'elle a pris ses précautions, en amont, par rapport à ce phénomène. Mohamed Talbi, DG des libertés publiques au ministère de l'Intérieur, explique que pour contrarier les recrutements des Algériens par la nébuleuse terroriste, un système d'échange de données a été mis en place entre tous les services de sécurité. Il indiquera à ce propos que les récentes mesures arrêtées pour surveiller des sites des réseaux sociaux l'ont été justement dans cet objectif. Selon lui, moins de cent Algériens ont été recrutés contrairement aux voisins libyen et tunisien.

Le Maroc, quant à lui, craint particulièrement ses ressortissants qui combattent en Syrie et en Irak, dont plus des deux tiers sont porteurs d'une double nationalité. Des djihadistes marocains aguerris au combat et maîtrisant également la fabrication de bombes et d'«engins explosifs indétectables» ainsi que le maniement d'armes lourdes, comme le précisera le ministre marocain de l'Intérieur. Les réseaux d'embrigadement, installés à l'étranger, ont été également identifiés, selon lui, soulignant que les efforts tendent à éviter à de jeunes Algériens d'aller se faire tuer en Syrie ou ailleurs. Dans cette logique, l'Algérie cherche à mettre en place une barrière électronique pour se prémunir contre le danger extérieur après avoir déjà souffert de ses Afghans.