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Demande d'audience à Bouteflika : Louiza Hanoune parle de pressions et de menaces

par M. Aziza

En absence de réponse, le groupe des dix-neuf personnalités, moins trois signataires, ont réitéré, hier, leur demande d'audience au président Abdelaziz Bouteflika.

Déterminées, elles ont souligné, hier au cours d'une conférence de presse animée au siège du Parti des travailleurs à Alger, qu'elles ne renonceront pas à cette démarche et elles ne cèderont pas aux pressions et aux insultes. « On va tous monter au créneau pour défendre notre cause qui est légitime et simple, on demande tout simplement de rencontrer le président, en chair et en os », réclament les désormais 16 signataires. « Les pressions exercées sur le groupe » ont été qualifiées hier par la militante Louiza Hanoun « d'odieuses », ça va du chantage aux pressions même sur les enfants des personnalités signataires. « Ce sont les méthodes du parti unique », précise-t-elle. Elle explique que les enfants de personnes signataires ont été terrorisés, menacés notamment pour leur avenir. Elle va plus loin en affirmant qu'ils sont allés au-delà, « ils sont allés jouer sur la maladie de certains signataires, ce qui est étranger à toute morale », regrette-t-elle. Elle a voulu ainsi expliquer avec réserve, « sans vouloir commenter ou juger », le retrait de certains signataires.

Elle a également dénoncé au même titre que Zohra Drif Bitat et Lakhdar Bouragaa la campagne agressive déclenchée contre les signataires de la lettre, notamment par les deux formations politiques majoritaires, et à leurs têtes les SG du RND et du FLN. Pour elle, cette réaction agressive n'est en fait qu'une « criminalisation de la pratique politique indépendante ». Elle poursuit en estimant que cette réaction agressive traduit en fait une panique généralisée « parce qu'ils ont peur de la vérité, ils ont peur que le président soit informé sur ce qui se passe autour de lui». Pour elle, ces réactions démesurées sont en train de confirmer une fois de plus que le président n'est pas au courant de certaines décisions, « il n'est pas au courant que ses prérogatives ont été confisquées par un clan occulte qui a créé un pouvoir parallèle». Elle n'a pas porté des gants pour dénoncer une fois de plus «ce pouvoir parallèle, ce pouvoir illégitime qui veut nous conduire au totalitarisme, et qui veut mettre tout le monde à genoux », dit-elle. Elle poursuit « ils veulent nous interdire de donner notre avis, car cela est réservé exclusivement aux courtisans et la clientèle ».

Louiza Hanoune ne doute pas des capacités du président à pouvoir les recevoir puisqu'il continue à présider le Conseil des ministres et il reçoit des personnalités étrangères. Elle s'est dite convaincue que le président Bouteflika « n'est pas cette momie qui fait semblant de gérer » mais, dit-elle, « j'ai des doutes, est-ce que tous les dossiers et les documents atterrissent chez le président, est-ce qu'on lui a remis notre lettre ? Là j'en doute », a-t-elle souligné. Et d'insister « nous doutons très fort que le président soit au courant de notre demande ». Revenant sur le droit de préemption, Louiza Hanoune a affirmé que « certains ont eu la trouille en lisant notre lettre, à tel point qu'un responsable nous a appelés pour affirmer que le droit de préemption figure dans le projet de la loi de finances 2016 et dans l'avant-projet de loi du code des investissements, mais il y a eu seulement une erreur de saisie !». Elle a également précisé que la règle de 51/49 régissant les investissements a été revue «ce n'est plus 51%, mais 34 % », selon ses propos. Elle regrette le fait que toutes les décisions de souveraineté de l'Etat ont été abandonnées .Et émet des doutes en affirmant : «ce n'est pas le président qui a pris ces décisions». Et de s'interroger «est-ce que les projets qui ont été présentés au président de la République en Conseil des ministres sont ceux présentés à l'Assemblée populaire, où il y a eu des modifications ?». Louiza Hanoune parle déjà de succès de cette démarche en affirmant que cette action est aujourd'hui appréhendée par le peuple et «une pétition circule sur le net demandant au président de nous recevoir». Le moudjahid Djilali Guerroudj conclut «nous demandons simplement audience au président, on connaît son état de santé, nous n'attendons même pas qu'il nous réponde en parlant, il nous suffira qu'il fasse un hochement de la tête, à travers un regard on comprendra que le message lui est parvenu et qu'il répondra quand il sera en meilleure santé».