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Bouchouareb : Le «51/49 %» pas remis en cause

par Yazid Alilat

Le ministre de l'Industrie et des Mines Abdeslam Bouchouareb reste «zen». Attaqué de toutes parts, aussi bien, du côté politique avec les accusations de Louisa Hanoune, que des milieux patronaux privés, avec Issâad Rebrab, Bouchouareb a préféré jouer sur son terrain. Dans un entretien, à l'APS, il «zappe» ces questions brûlantes, et maintient le cap du gouvernement sur la règle du ?51/49%'. Cette règle n'est ni «remise en cause , ni revue ou corrigée», relève-t-il, lorsqu'il affirme qu'il est «réducteur de contracter un texte aussi important et structurant, pour le futur de l'investissement, à la seule règle du ?51/49%'». «La règle ?51/49%' a été instaurée, au moment où le prix du brut décrochait et avec pour objectif unique de limiter les sorties de devises. Aujourd'hui, nous vivons une situation identique mais avec une vision plus claire» ajoute t-il, comme pour légitimer à la faveur de la crise économique, née de la baisse des recettes pétrolières, cette approche de la gestion des investissements étrangers. Et il le dit: «nous avons estimé qu'il était opportun, dans le cadre de la nouvelle politique industrielle, de faire de cette mesure un levier d'attractivité de l'investissement étranger utile.

Notre marché est une force dans la région que l'on doit utiliser à notre profit». Il est évident que le ministre de l'Industrie et des Mines ne veut plus polémiquer sur ce dossier, ni revenir dessus. En fait, il estime qu'il est important de redonner une nouvelle vie à l'Industrie algérienne, relevant la difficulté de «repeupler une industrie qui a été désertée, pendant plusieurs décennies». Pour lui, cela «ne se décrète pas et ne se réalise pas, en deux semestres», relevant «une mutation systémique qui s'opère».

Le ministre de l'Industrie et des Mines explique qu'actuellement, «les efforts se concentrent sur la construction de filières où l'Algérie doit être naturellement présente». Cette stratégie passe par la création de pôles industriels et de champions de l'Industrie, avec la création des filières Sidérurgie et Métallurgie, Automobile et Mécanique, Electronique et Electrique, Matériaux de construction, Textiles et Confection, Carrières et Mines, Pharmacie.

Pour M. Bouchouraeb, «le développement de ces filières va nous permettre de passer du stade de simple fournisseur d'hydrocarbures bruts, à celui de producteur et d'exportateur de biens transformés». Cette vision s'appuie sur la mise en place de 14 grandes filières stratégiques et moteurd de la croissance, dont l'Energie y compris les énergies renouvelables, les Industries chimiques et pétrochimiques, le Phosphate et les Engrais ainsi que le numérique. «L'année dernière, nous avons travaillé sur les leviers qui permettront l'émergence de ce nouvel modèle de développement. Pour ce faire, des décisions ont été prises et des mesures urgentes, défendues et obtenues, en attendant d'autres réformes d'ordre structurel qui prennent un peu plus de temps», explique t-il, avant d'annoncer la mise en place d'un régime fiscal et douanier préférentiel pour les activités industrielles émergentes. Les exemples de cette vision industrielle, à moyen et long termes sont représentés par les projets des complexes sidérurgiques de Bellara (Jijel), turc de Tosyali à Oran et d'El-Hadjar (Annaba) dont le plan d'investissement sera, bientôt, lancé. Il annonce, également, la reprise en main du secteur minier, en particulier l'exploitation des grands gisements de fer comme celui de Ghar Djebilet (Tindouf) dont l'exploitation est en cours de discussion avec un partenaire sud-coréen, la reprise des anciennes mines fermées, ainsi qu'une étude exploratoire sur le potentiel minier, dans le sud du pays, outre le prochain lancement de trois grandes plates-formes pour la valorisation du phosphate, à Tébessa, Souk-Ahras et Skikda. Le ministre estime, par ailleurs, qu'il faut cesser l'exportation de minerais, à l'état brut. Dans l'industrie automobile, il annonce, également, des projets de partenariat pour la construction d'usines de fabrication de voitures en Algérie, citant notamment Peugeot. Il a indiqué que des discussions sont à un stade «très avancé» avec les constructeurs Peugeot, Iveco et Fiat, ajoutant que les investisseurs de l'Empire du Milieu s'intéressent, eux, également, à la construction automobile en Algérie.

Sur le nouveau projet de code des investissements, M. Bouchouareb a indiqué que «c'est un texte de seconde génération qui épouse la nouvelle politique économique du pays et qui permettra une stabilité, une transparence et une lisibilité du cadre juridique, régissant l'investissement». Ce nouveau texte s'appuie sur trois axes fondamentaux: «l'ajustement du cadre de régulation de l'IDE, la mise en adéquation entre le système d'incitations et la politique économique et la révision du dispositif institutionnel».

Pour les institutions chargées de gérer les investissements, dont l'Agence nationale de développement de l'Investissement (ANDI) et le Conseil national de l'Investissement (CNI), il a souligné que de nouvelles attributions et missions leur seront données. «L'idée est d'ériger l'ANDI en pôle spécialisé, d'aide à l'investissement et d'accompagnement de l'entreprise», a-t-il dit, avant d'évoquer la récente approbation d'une nouvelle loi, sur la normalisation, alors qu'un avant-projet de loi d'orientation sur la PME est au niveau interministériel, pour enrichissement.