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Les éditeurs veulent plus d'aide

par A. Mallem

Rencontrés, hier samedi, au Salon du livre qui a été ouvert la veille sur la place de la Brèche par le ministre de la Culture, des éditeurs constantinois nous ont fait part de leurs problèmes relatifs à l'édition et à la distribution.

Pour M. Benkrourou Badreddine, représentant de la société d'édition «Eureka», une maison qui est dans le secteur de la communication et l'édition depuis 1995 et qui a changé ensuite de statut en s'insérant dans le dispositif Ansej, les problèmes sont ceux de tous les éditeurs algériens. «En sus, nous les sociétés issues de l'Ansej nous sommes sanctionnées parce que l'administration concernée, la direction ou le ministère de la Culture, ne tient pas compte de la législation sur la quote-part de 20% qui nous est réservées par la loi dans la distribution des marchés publics. Ce qui veut dire que notre plan de charge est réduit à néant. Et pour prétendre exposer et vendre nous sommes contraints de passer par Alger».

Et de poursuivre : «Dans le cadre du programme arrêté pour la manifestation Constantine, capitale de la culture arabe, on dit que tous les éditeurs de Constantine ont obtenu leur quote-part d'édition de nouveaux livres. Mais savez-vous à quoi se monte cette quote-part ? A 2 livres en tout et pour tout. Ce qui est parfaitement ridicule si l'on considère que les coûts de fabrication représentent un obstacle majeur à l'édition. Aussi, pour éditer deux livres, le prix de revient dépassera, et de loin, le prix de vente. C'est pour cela que nous avons cédé notre quote», a-t-il affirmé. Ce gérant s'est plaint aussi d'être mal considéré par la direction de la culture. Et lorsque on est reçu, on s'entend dire «on ne peut rien faire, tout dépend d'Alger, etc.».

Boutalbi Lotfi, gérant de la maison d'édition «Dar El-Yamine», s'est plaint lui qu'il n'y ait pas d'auteurs. «Et le peu qui existent ne veulent pas travailler avec nous. Ils préfèrent éditer à compte d'auteur. Ce qui fait que notre rôle se réduit à la diffusion de livres fabriqués ailleurs». Boutalbi fait le livre scientifique et il trouve que, là aussi, il y a pas mal de difficultés qu'il faut surmonter pour essayer de survivre. Et la principale difficulté, selon lui, résulte de la loi sur l'importation, «une législation très dure édictée par le gouvernement. Nous travaillons un peu dans les salons organisés dans les régions du pays. Nous faisons jusqu'à 30 expositions par an».

Notre interlocuteur estime que dans le passé les éditeurs travaillaient mieux. «Parce que beaucoup de gens pratiquaient la lecture. Maintenant la lecture du livre ne cesse de reculer à cause, principalement d'Internet où l'on peut se procurer n'importe quel livre à moindres frais. Et puis les livres, surtout les livres scientifiques spécialisés, sont chers, très chers. Il y en a, selon lui, qui peuvent aller jusqu'à 40000 dinars (4 millions de centimes). Et quel est l'étudiant qui peut s'acheter un livre à ce prix ?», Interrogea-t-il.

Notre troisième interlocuteur fut M. Chafai Mohamed-El-Kamel, gérant de la société privée «Cirta Books». Ce dernier a affirmé qu'il trouve des difficultés à s'adapter d'abord. Pour l'édition, il n'en est pas encore là, mais pour la diffusion il dira : «J'ai fait ma première exposition, il y a moins d'un mois, à l'université Abbès Laghrour de Khenchela». Il a pris l'initiative de monter cette maison d'édition et de diffusion dont le siège se trouve à Djebel Ouahch, et cherche d'abord à s'adapter au domaine. « Franchement, je n'ai pas éprouvé de difficultés à monter cette affaire, et ce sans aucune aide étatique. Et je trouve que le domaine de l'édition et de la diffusion du livre est abordable économiquement parlant», nous a-t-il confié sans plus.