Après
la réalisation de deux villes nouvelles, l'une à Chettia à une dizaine de
kilomètres de Chlef et l'autre à Chorfa à la périphérie, les pouvoirs publics
ont décidé de construire un nouveau pôle urbain de 8.000 logements accompagné
de toutes les commodités dans la commune de Oued Sly à une dizaine de km à
l'ouest de Chlef. C'est le président de l'APC de cette commune, M.Khelifa
Benabed, qui l'a annoncé lors d'une réunion hebdomadaire de son exécutif. Cet
important quota de logements tous types sera accompagné de plusieurs
équipements socio-économiques tels que collège, lycée, centre de santé, antenne
administrative, locaux commerciaux, pharmacie, boulangerie, bureau de poste, un
poste de police, aires de jeux, etc. Il faut dire que cette nouvelle approche
dans la résolution de la crise du logement qui sévit depuis plusieurs années
intervient à la suite des recommandations du président de la République qui a
souligné «la nécessité de refonder le cadre légal régissant l'urbanisme et la
construction et a exhorté les acteurs du secteur à rompre avec le modèle de
construction de «cités dortoirs». Le président a estimé que malgré « les moyens
financiers considérables consacrés par l'État au bien-être social, la
construction de logements s'est souvent limitée à l'aspect quantitatif, une
approche qui a donné lieu à l'émergence de cités dortoirs qui n'ont fait
qu'élargir les disparités et renforcer les sentiments de frustration et de
marginalisation sociales ». Pour le président de la République « la grande
pression et l'urgence en raison de la demande toujours croissante en matière de
logements ne sauraient nous empêcher d'aboutir au modèle d'habitation auquel
nous avons toujours aspiré dans le respect des principes de l'architecture
traditionnelle et des normes techniques de modernité ». Il faut dire que
plusieurs architectes ont récemment relevé l'installation de la médiocrité
comme norme en matière de construction de logements. Bien entendu, construire
vite, le plus possible, au moindre coût, sans prendre le temps de la réflexion
et de la préparation, ne pouvait qu'aboutir à des conséquences désastreuses.
Pressés
d'en finir avec la crise du logement, les pouvoirs publics ont érigé des cités,
sans âme, qui aujourd'hui sont devenues des foyers de délinquance. C'est le cas
des nombreux sites érigés à la périphérie de la ville de Chlef à la suite du
tremblement de terre de 1980 où des milliers de chalets ont été monté (plus de
20.000 baraques) pour permettre de reloger les sinistrés. Mais cela n'a pas été
sans conséquences sur les populations locales, dans ces banlieues surpeuplées, plus
exactement ces cités dortoirs où s´entassent des milliers de laissés pour
compte de la société, corvéables à merci. Mais c´est sans doute aussi là que
réside le drame de ces cités livrées à la mal-vie et surtout grosses de tout ce
qui fait la lie de la société : le banditisme, la drogue, la prostitution et,
de façon générale, porteuses de toutes les violences sociales. Il est évident
qu´on ne solutionne pas le problème des cités surpeuplées des banlieues à coups
de trique mais bien par une prise en compte et en charge réelles, en amont et
en aval, des problèmes de cette « sous-humanité». L'exemple de la ville de
Chlef qui devient une ville fantôme dès le coucher du soleil illustre bien la
situation actuelle. En effet, si à la suite du tremblement de terre la priorité
était donnée au relogement, aujourd'hui l'ensemble des activités commerciales,
les administrations, le siège des grandes entreprises, les médecins
spécialistes ont élu domicile à l'ancienne ville de Chlef. Ceci a entraîné bien
évidemment un afflux massif de citoyens vers le centre-ville dès les aurores et
qui repartent vers leurs cités dortoirs juste après 18 heures.