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La restauration du marché «Souk-el-Asser» en stand-by !

par A. Mallem

Souk-el-Asser, l'un des plus vieux, sinon le plus vieux marché de la ville tombe en désuétude et ses marchands qui vivent une situation précaire ne songent à pas moins que de le quitter pour aller vers d'autres horizons afin de se garantir un avenir plus sécurisé et plus prospère.

En tout cas, ce «marché des pauvres», situé dans la vieille ville qui a été de tout temps prisé par les citoyens et, d'une manière spéciale, par les ménagères aux bourses modestes, n'est plus ce qu'il était et ne survit pratiquement que grâce aux marchands informels qui obstruent son allée principale. Ses 125 commerçants réguliers ont attendu longuement le lancement du programme de restauration de la vieille ville qui les touchera immanquablement et leur permettra ensuite de voir leur place marchande reprendre vie. Mais, ils sont restés sur leur faim. Au cours de l'automne de l'an passé, les responsables de la commune ont réuni les commerçants du marché et leurs représentants syndicaux à l'hôtel de ville pour les préparer en prélude à l'évacuation de cette place en fixant la durée des travaux d'aménagement à 6 mois. Durée qui a été contestée par les commerçants car l'estimant trop longue et ils ont proposé de la réduire de moitié. La question a été renvoyée à une autre rencontre qui était fixée pour la semaine qui suit. Mais rien de cela ne s'est produit.

Rencontrés hier sur le site, quelque uns des marchands ont affirmé que c'était-là le dernier contact qu'ils ont eu avec les autorités. «Depuis cette date, il n'y a rien de nouveau», nous ont-ils dit, «lassés et usés par le temps qui passe et les promesses sans lendemains des autorités locales», disant qu'ils «ne sont pas dupes» : «c'est à une liquidation pure et simple qu'on nous destine et nous allons subir le même sort que les commerçants du souterrain de la Brèche qui ont tout perdu». Quant au dossier de restauration, ils nous répondent que celui-ci s'est perdu lui aussi dans les méandres de la bureaucratie locale et nationale. «Une fois la manifestation «Constantine capitale de la culture arabe 2015 lancée, on nous a complètement oubliés», dit un marchand.

Et pour avoir des «nouvelles» de ce fameux dossier, nous avons effectué hier une petite tournée «administrative» aux différents organismes ayant un rapport plus ou moins direct avec le projet. Les contacts pris n'ont fait que confirmer les propos tenus par ces marchands. Mais qui détient le dossier ? Avons-nous demandé. «Depuis que le dossier nous a été enlevé et confié à l'office de gestion et d'exploitation biens culturels (OGEBC), organisme dépendant du ministère de la culture, nous n'avons plus d'information sur ce sujet», nous a déclaré le directeur du commerce M.Boularak. Le directeur du patrimoine de l'APC, M.Rachid Dokkari, n'en sait pas plus et il n'a pas pu nous éclairer sur le sujet lorsque nous l'avons questionné. Il nous renvoya au directeur de l'urbanisme de l'APC, mais ce dernier, M. Mechouche Moussa, dira qu'il n'était pas au courant. De tous les responsables que nous avons interrogés c'est le coordinateur du bureau de wilaya de l'Union générale des commerçants et artisans d'Algérie ( UGCAA), M. Bouhenguel, qui a été le plus prolixe en informations. Il nous fera savoir qu'à l'heure actuelle, le projet de restauration de Souk-el-Asser est en stand-by. «Ce projet a subi les contrecoups de l'incendie du marché des Frères Bettou, explique-t-il. Et à ma connaissance, c'est cet incident qui aurait complètement chamboulé le programme élaboré par l'APC pour le réaménagement de ce marché qui était couplé à celui du marché Boumezzou pour lesquels un budget global de 14 milliards de centimes environ a été dégagé. Mais avec l'entrée en ligne de compte du marché des Frères Bettou qu'il faudrait refaire complètement à neuf à partir du mois d'octobre prochain, avec une conception moderne, les responsables de l'APC se sont rendus compte que ce budget était nettement insuffisant et ont sollicité l'aide financière de la wilaya. Depuis, le projet a été «mis entre parenthèses, et on attend qu'il soit remis au goût du jour». M. Bouhenguel fera remarquer ensuite que le marché de Souk-el-Asser, de par sa situation géographique qui le place en plein périmètre sauvegardé de la vieille médina, est inclus dans un autre plan plus général, celui de la restauration des sites et monuments de la vieille ville pris en charge par l'OGEBC. Ce qui rend, selon lui, le traitement de ce dossier un peu plus complexe.