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Son inscription compromise par les mesures d'austérité - Gare multimodale d'Oran : un projet «mort-né» faute d'argent

par Houari Saaïdia



Le projet de la gare multimodale est dans l'impasse. L'espoir -déjà mince- de le voir aboutir s'est volatilisé avec la récente instruction gouvernementale frappée du sceau de «l'austérité budgétaire», portant gel des opérations d'équipements publics non lancées.

Le dossier restera dans les tiroirs en attendant une probable période de vaches grasses.L'instruction de la direction générale du budget au ministère des Finances, notifiée dernièrement aux directions régionales du budget et aux contrôleurs financiers des wilayas et des communes, ordonne explicitement aux responsables des budgets au niveau local et régional de suspendre tous les projets d'équipement qui ne sont pas encore lancés. Si l'on sait que même les projets déjà inscrits mais non lancés sont concernés par ce gel, la suite de fin de non-recevoir à l'égard du dossier de la gare multimodale d'Oran, proposée en inscription depuis 2013, devient alors une évidence qui coule de source. La précision portée dans la même missive de la direction du budget du ministère des Finances, concrétisant une batterie de mesures d'austérité conséquemment à la chute drastique des recettes pétrolières, qui indique textuellement « sauf autorisation expresse du Premier ministre (?) qui dans tous les cas reste subordonnée aux priorités annoncées par le gouvernement ainsi qu'à la maturation totale des projets » ne change rien à la donne et ne « sauve » pas le projet de la gare multimodale de Sidi Mâarouf. Ainsi, la wilaya d'Oran qui a pu lancer tous ces projets structurants, échappant ainsi de justesse aux aléas de la rationalisation des dépenses de cette période de vaches maigres, n'a pu, contre son gré, faire aboutir le projet de la gare multimodale, un des projets phares de la métropolisation d'Oran. Ce n'est pas par faute d'initiative de la part des pouvoirs publics locaux, notamment sous l'actuel wali Zâalane Abdelghani qui a classé en priorité ce projet d'équipement public pour les propositions budgétaires locales 2014 et 2015. Proposé en inscription par les pouvoirs publics locaux au titre de la loi de finances complémentaire (LFC) 2013, le projet n'a pas eu l'aval du département des Finances à Alger. Pourtant, la wilaya d'Oran n'a ménagé aucun effort pour faire valoir l'opportunité de ce projet d'équipement. Mieux encore, la gare multimodale figurait en priorité de premier ordre dans le document transmis par la wilaya d'Oran portant propositions au titre du programme d'équipement pour l'exercice 2015. Sans parler du « pressing » persistant exercé par le chef de l'exécutif local pour faire aboutir ce dossier. Ce dernier a été d'ailleurs plaidé comme il se doit par la wilaya via le directeur du secteur devant le Premier ministre, M. Abdelmalek Sellal, lors de sa visite de travail, le 11 avril 2013. Convaincu, le Premier ministre avait donné son « O.K ». L'argument le plus simple, mais le plus persuasif en même temps, pour mettre en avant ce projet, s'appuyait en fait sur l'aberrance et le paradoxe de la situation actuelle : d'une part, la mise en place et le développement de réseaux et de modes de transport modernes à Oran (tramway, métro, nouvelle aérogare, téléphérique, plan de circulation de l'agglomération d'Oran, nouveaux périphériques et pénétrantes autoroutières) - en particulier - et la métropolisation interne et externe de cette ville - en général - et de l'autre part, l'inexistence d'une gare multimodale, c'est-à-dire un pôle d'échange de différents modes de transport. A défaut donc, Oran renvoie cette image extrêmement contrastée : la mise à jour des moyens de transports et l'impact urbain qu'elle entraîne avec des gares (routières, ferroviaires, maritimes) caduques et complètement inappropriées.

Toutefois, sans perdre l'espoir, la wilaya a fait tout ce qu'il faut pour que le projet soit inscrit au titre du budget d'équipement 2015?en vain ! D'un coût estimatif de 8 milliards de dinars, ce projet, dont l'étude a été ficelée depuis bien longtemps par le groupement de bureaux d'études algéro-espagnol « Betur-Sener-Serom » est donc resté un vœu pieux, faute d'argent. Conçue pour une capacité d'accueil de 100 millions de passagers/an (voici à titre indicatif ce double comparatif, la gare multimodale de Victoria Station à Londres : un flux de 150 millions de passagers/an, celle de la gare centrale à Paris: 190 millions de passagers/an), la gare multimodale de Sidi Mâarouf devait être implantée à proximité de la station terminale du tramway.