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Au pays de la rente la misère risque d'être irascible

par Benallal Mohamed

« Celui qui jette son pain en riant le ramasse plus tard en pleurant. » proverbe

Le problème n'est pas qu'il n'y a pas assez de richesse, mais que celle-ci est répartie de manière scandaleusement inégale, cet état de fait résulte de l'existence d'un système de fabrique de pauvres et de la pauvreté. Il n'a jamais été une aubaine, aussi tangible, pour l'Algérie après la hausse vertigineuse du prix des hydrocarbures, à plus de 130 $ le baril. Une richesse éphémère, sans pareille, pour l'Algérie. Si cette richesse était repartie, intelligemment, et de façon équitable, entre tous les Algériens dans ce même pays qui a souffert de 132 ans d'une colonisation inhumaine.

Par principe sociétal, chaque famille devrait disposer d'un revenu de quelques dinars et d'un patrimoine bienséant dans un contexte ou valeurs, morales et normes universelles font le crédo de la société de droit.

Ce n'est, certes, pas assez pour vivre dans le luxe, mais bien suffisant sinon modestement pour que tous les Algériens disposent d'un logement confortable, d'électricité, d'eau potable, de sanitaires? Il y a, donc, suffisamment, pour l'ensemble des Algériens, sans exception, avec la richesse dont dispose ce pays.

Par ailleurs, beaucoup d'Algériens ne disposent pas de logement à ce jour, la crise aiguë persiste aujourd'hui, le nombre de logements construits est supérieur, peut-être, à la demanden seulement la distribution inégale fait que beaucoup de lambda n'ont pas eu de ce droit, en l'absence du droit.

Les bidonvilles se font voir, horriblement, déjà sur la périphérie des grandes villes, où le manque de dispositifs sanitaires de base font que la faim, la maladie, la pauvreté et l'ignorance refont de plus « moche » surface dans ce pays.

Le problème n'est pas, qu'il n'y ait pas suffisamment de richesse mais que cette rente est très mal repartie et la croissance se fait dans un sens unique, pour les riches seulement. Il est plus que nécessaire, utile et sage de faire une refonte générale politique de la sphère de la production de façon générale ( biens, services,) , de la sphère de la distribution et aussi de la sphère de la commercialisation pour aller vers une équité générale selon le mérite, la valeur et enfin la solidarité dans la transparence la plus totale et la justice la plus impartiale possible pour que le discernement d'événements, de faits? épouse le positivisme.

Dans ce nouveau contexte nous allons droit vers, approximativement les 5% les plus riches (statistiques officielles non établies) qui possèdent toute la richesse du pays et le reste s'engouffre dans une classe économique ou la pauvreté ne leur permettrait pas de répondre aux besoins de base.

La loi 88 a enfanté, sous la pression des événements de 1988 et mis en marche le grand chamboulement de notre système politique et économique, le passage de l'économie socialiste ou dirigée, vers une économie capitaliste conceptuelle, mais en réalité une économie de bazard dont la rente faisait fonctionner bien les containers, au détriment de la production nationale. Rabrab l'avait très bien schématisé, dans ce pays, il disait que créer de la richesse nécessite une autorisation. No comment !!!

Sous un bon gouvernement la pauvreté est une honte !

Sous un mauvais gouvernement la richesse est aussi une honte

Un pays, particulièrement fertile, qui ne produit rien est une honte ou plutôt un opprobre pour ce gouvernement ; on importe, encore, du lait en poudre et les Chinois construisent mal nos villes, alors que notre jeunesses est totalement désœuvrée. La classe « fausse-bourgeoise » et politique se soigne à l'extérieur du pays, la CNAS se charge de régler, rubis sur ongle, les factures médicales avec l'argent des cotisations des travailleurs, bien sûr.

Le système sanitaire délabré est conçu pour la plèbe. Tout cela entraîne, manifestement, un gaspillage de temps, d'argent, de la matière et même de l'espace; ne dit-on pas que celui qui n'avance pas recule !!!.

C'est une histoire non passionnelle et non une romance émotionnelle qui devrait être écrite, avec beaucoup de sincérité, même si se n'est avec moins de vérité.

Dans le capitalisme de bazar, la crise est là , le nettoyage brutal et chaotique de l'économie devrait avoir lieu, un de ces jours, par les véritables acteurs de ce métier. Le prix bas du baril fait que la rente pétrolière s'amenuise dramatiquement et la facture est, invariablement, imposée aux travailleurs et aux plus faibles de la société, austérité oblige !! Le commerce informel et le travail illicite s'amplifient, éperdument, la couverture sociale se rétrécie, profondément, dans sa déstructuration.

En d'autres termes, une crise économique est un excellent moyen pour organiser, sérieusement et intelligemment, un transfert du travail au capital comme disait K. Marx, c'est-à-dire des pauvres vers les riches, c'est la méthode de l'économie pragmatique chinoise, mise en œuvre, aujourd'hui.

En Algérie c'est bien l'inverse, en pratique, qui se produit ( la conception n'existe pas) et on observe une pauvreté qui prend de l'ampleur (chômage en hausse avec la perte de l'emploi, crise oblige !! ). Le fossé entre riches et pauvres a augmenté les statistiques ne nous renseignent point sur le seuil de pauvreté des Algériens qui ne travaillent pas et ceux qui travaillent et n'arrivent pas à subvenir au strict minimum de leurs besoins, mais le couffin du Ramadhan, à travers la presse et les communes, nous donne une idée sur ce désastre qui nous guette !! .

La pauvreté continue à augmenter. Aujourd'hui, dans ce pays rentier, les personnes ont besoin de l'aide alimentaire de la Croix-Rouge et du couffin de Ramadhan, nous disent quelque chose qui n'est pas bonne : (le pauvre s'appauvrit et le riche s'enrichit, de plus en plus).

Pour les riches, la crise, la rente, a, en tout cas, été une bénédiction et une aubaine pour eux.. Les « individus très riches » (avec des moyens d'investissements potentiels) ont vu leur richesse croître dans la pure spéculation, dans la médiocrité des réalisations des marchés, dans le trafic des stupéfiants, dans le business informel... Clairement, ce n'est pas la crise pour tout le monde.

Par conséquent, un immense fossé sépare les riches des pauvres, il enfante un danger, au niveau, de la crise (politique, sociale, économique et culturelle), davantage dissimulé (période d'incubation) et faisant des scénarios à l' hollywoodienne entre DRS - Armée et présidence, en dehors du peuple et de la société civile, ces deux derniers sont mis en écart du jeu. L'inégalité économique croissante et le recul des bas et moyens revenus suscitent le mécontentement et l'agitation dans une large couche de la population. Il existe une possibilité haute, à très haute agitation et de révolte, comparable à celles des Printemps arabe et aux révolutions de couleurs.

Le pouvoir, le régime, l'Etat, le gouvernement et l'administration n'ont pas, encore, réalisé, à ce jour, devant ce cataclysme économique et social qu'il ne s'agit pas, ici, d'un abus sur droit ou d'un « passing-shot » modulé par quatre régulateurs à savoir : la violence, le football, l'islamisme et le visa, mais bien d'une erreur de système global de gouvernance, semblable à un vice de construction. Il est grand temps pour que les choses retrouvent l'équanimité?