Benghebrit veut professionnaliser le secteur de l'éducation
nationale. Ses déclarations faites à Tizi Ouzou, mardi soir, confirment qu'elle
veut mettre le cap résolument vers une refonte radicale du fonctionnement de
son secteur, avec la mise en place de balises pour éviter les virages
dangereux. Avec une année 2014-2015 pleine d'embûches, semées de grèves
cycliques et jalonnées de réunions marathons avec les syndicats, la ministre
semble aujourd'hui mûre pour aller vers un autre mode de gouvernance de son
secteur. L'expérience des échecs de ses prédécesseurs aidant, Benghebrit, selon
ses propos de Tizi Ouzou, veut tout simplement introduire une petite révolution
dans un secteur qui a toujours été réfractaire à des changements brusques.
Auparavant, la mayonnaise des réformes introduites dans des conjonctures
politiques particulières entre 2000 et 2010 n'a pas pris. Pis, cela a fait
naître de nouveaux problèmes avec la nouvelle grille des salaires, au moment où
la ?'grille'' des programmes scolaires est restée en déphasage par rapport à
l'évolution de l'enseignement dans le monde. Benghebrit veut dès lors faire sa
propre sauce avec des ingrédients plus proches des exigences sociologiques du
moment: bonne gouvernance des établissements scolaires, leur
professionnalisation et prise en charge de l'ensemble des besoins autant du
corps enseignant que les techniciens et les ?'administratifs''. En clair, le
projet de réformes que veut mettre en place la ministre, dont la démarche a été
dopée par les résultats des examens de l'année 2015, ne va laisser personne en
rade, autant les syndicats que les élèves, les enseignants et les personnels
techniques et administratifs. Un projet commun pour tous les acteurs du secteur,
avec en toile de fond une charte de l'éthique, afin de redonner à l'école
algérienne ses lettres de noblesse. A commencer par l'objectif de 70% de
réussite au BAC, et une refonte du système des examens, l'actuel n'étant plus
d'usage dans de nombreux pays, dont les pays anglo-saxons, et même dans les
pays voisins, notamment le Maroc. L'actuel système a-t-il atteint ses limites ?
Il semblerait que Benghebrit ait déjà son opinion sur ce sujet d'importance.
Car il ne faut pas se voiler la face: au BAC 2015, presque la moitié des
candidats sont passés par la trappe, et il reste encore beaucoup de chemin à
faire pour atteindre les ?'cimes'' des 70%. Le savoir et la connaissance sont
des biens que l'on acquiert durant tout son cursus scolaire et universitaire, autant
à travers l'école que l'environnement familial, social. Et au-delà. Pas à
travers une pédagogie limitée aux seuls objectifs de passage d'examens. Oublier
cette vérité c'est faire fausse route et répéter les mêmes erreurs du passé.
Aujourd'hui, pour avancer, il faut tout revoir, effectuer un formatage de fond
du système scolaire algérien. Et ne pas avoir peur des vérités. La prochaine
conférence du secteur devrait être un territoire idoine pour préparer l'école
de demain, celle ?'numérique'.