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Un nouveau décès à Ghardaïa : Le bilan des affrontements s'alourdit

par Yazid Alilat

Le bilan des douloureux événements du week-end dernier dans la vallée du M'zab s'est alourdi avec le décès lundi soir d'une personne blessée par des projectiles lors des affrontements dans la ville de Guerrara, portant le nombre des victimes à 23.

Selon ses proches, la 23ème victime des violents affrontements de mercredi dernier à Guerrara a été atteinte par un projectile et a succombé lundi soir à ses blessures à l'hôpital Tirichine Brahim de Ghardaïa.

La victime, âgée de 53 ans, avait été transférée de l'hôpital de Guerrara dans un état jugé critique, où il avait été admis un premier temps au service de réanimation du même établissement. En outre, ce décès porte à vingt le nombre de victimes enregistrées dans la seule commune de Guerrara, deux autres victimes ayant été enregistrées à Berriane et une à Ghardaïa, alors que plusieurs dizaines, dont certaines dans un état grave, sont encore dans les hôpitaux de la région.

Par ailleurs, la machine judiciaire s'est mise en branle hier mardi avec la comparution des personnes arrêtées à la suite de ces événements. Au moins 35 personnes ont été arrêtées par les services de sécurité après les affrontements entre Mozabites et Chaâmbas dans les communes de Guerrara, Berriane et Ghardaïa, et une partie devait passer mardi devant le juge du tribunal de Ghardaïa. Un membre du comité de coordination et de suivi des Mozabites (CCS) Hamou Mosbah a indiqué que ces prévenus sont poursuivis pour «regroupement armé et port d'armes blanches». Sur les 35 personnes entendues par le juge, 20 (12 Chaâmbas et 8 Mozabites) ont été arrêtées à Guerrara, là où les affrontements ont été les plus meurtriers, les plus violents, les plus scandaleux avec l'incendie de plus d'une dizaine de maisons. Les quinze autres sont de Mélika (5 Mozabites), de Bounoura (3 Mozabites) et 7 Chaâmbas des quartiers Mermed et Sidi Abaz de Ghardaïa.

Par ailleurs, un autre groupe de personnes arrêtées en compagnie de Kamel Eddine Fekhar seraient toujours en attente d'être entendus par un juge d'instruction. Le procureur de la République près le tribunal de Ghardaïa Hussein Meguellati a, dans une conférence de presse lundi en fin de journée, indiqué que les interpellations de personnes présumées impliquées dans ces derniers événements interviennent «conformément aux lois de la République» et font suite à une enquête judiciaire. Le magistrat a précisé que les interpellations ont été effectuées dans le «respect de la procédure judiciaire». «L'ensemble des personnes interpellées sont traitées dans le respect de la dignité humaine et de la loi en vigueur», a-t-il assuré, ajoutant que les droits fondamentaux accordés aux personnes interpellées sont «préservés et qu'elles n'ont pas fait l'objet d'injustice ou de négligence ou de traitement en dehors de la loi».

Pour Kamel Eddine Fekhar et certaines rumeurs sur son incarcération, le procureur de la République de Ghardaïa a affirmé qu'il a été traité de la même manière que ses codétenus, démentant ce qu'il a qualifié d'allégations concernant la privation des droits légaux de ce prévenu, interpellé pour son «implication présumée dans les événements qu'a connus la région de Ghardaïa». L'arrestation de K. Fekhar a été effectuée dans «la légalité et il est traité conformément à la loi en vigueur», a-t-il assuré, avant de signaler que l'intéressé a «reçu la visite des membres de sa famille et s'est entretenu au téléphone avec son épouse, sa fille et sa mère». Kamel Eddine Fekhar a été arrêté en compagnie d'une vingtaine de personnes jeudi dans la soirée, et devait lui aussi et ses compagnons être présenté devant un juge d'instruction. L'ensemble des personnes interpellées sont traitées dans «le respect strict de la Constitution», a encore souligné Meguellati.

Par ailleurs, les services de sécurité poursuivent leurs investigations et recherches pour situer les responsabilités dans ce regain de violence, ainsi que les armes qui auraient été dissimulées dans les maisons et les palmeraies à Ghardaïa et Guerrara notamment. Un communiqué de la DGSN diffusé lundi soir indique en effet que deux personnes, dont l'une faisait l'objet d'un mandat d'arrêt, ont été arrêtées ces deux derniers jours. Il s'agit du nommé «A.A.» âgé de 29 ans, objet d'un mandat d'arrêt pour implication dans des affaires liées à l'association de malfaiteurs, tentative de meurtre et rassemblement armé. Le deuxième mis en cause, un certain «A.M.» âgé de 50 ans, est quant à lui impliqué dans une affaire de meurtre commis durant les derniers événements qu'ont connus certains quartiers de la wilaya de Ghardaïa, ajoute la DGSN. Par ailleurs ?'deux fusils de chasse et des munitions ont été saisis durant la perquisition du domicile de A.M.», souligne la même source, qui poursuit que les deux prévenus ont été déférés devant la justice. Par ailleurs, «une arme automatique et des munitions ont été retrouvés lors du ratissage effectué par les forces de police de la wilaya. Une enquête a été ouverte concernant cette affaire», conclut le communiqué. D'autre part des mesures strictes sont envisagées pour éviter toute éventuelle reprise des affrontements entre Chaâmbas et Mozabites, comme l'interdiction des attroupements, des sit-in, des marches, les cortèges et même les matchs de football (huis clos). Enfin la région, placée sous l'autorité militaire, qui supervise les opérations de police menées par la sûreté nationale et la gendarmerie, retrouve progressivement son ambiance de tous les jours, avec un afflux vers les marchés et les commerces d'habillement en ces jours d'avant l'Aïd El Fitr.