Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Aïd El Fitr : Des calculs et beaucoup de probabilités

par Abdelkrim Zerzouri

Vendredi ou samedi, entre les deux mon calcul balance. La date de l'Aïd El Fitr 2015 n'a jamais été aussi ambiguë. Ce sont les calculs scientifiques qui parlent froidement et des scientifiques qui ne veulent pas trop se mouiller en avançant une date précise. A quoi bon s'enthousiasmer alors qu'au bout de tous les débats, c'est au bout de la réunion des membres du Comité national d'observation du croissant lunaire («Lajnette el ahilla») qui se réuniront la nuit du doute, jeudi 16 juillet, que se décidera sur la base de l'observations (ou non) du croissant lunaire s'il faut continuer les 30 jours ou s'arrêter à 29 jours de jeûne. Le professeur Djamal Mimouni, président de l'association Sirius d'astronomie, très consulté en la matière, nous a avoué hier que cette année 2015, il n'est pas franchement fixé sur une date précise quant au premier jour de l'Aïd El Fitr. Non pas que le calcul scientifique présente des doutes, loin s'en faut, mais c'est à cause de l'imprévisible décision du Comité national d'observation du croissant lunaire qui pousse à ne pas tenter d'influencer l'opinion publique en étant affirmatif pour la date de l'Aïd El Fitr. Il y a eu un problème ou un précédent par le passé qui incite à la prudence dans de pareilles situations. «Ni vendredi, ni samedi, cette fois-ci la question est très compliquée et présente des ambiguïtés», nous a indiqué à ce propos le professeur Mimouni. Ce dernier nous a éclairé sur la question, affirmant que «la science livre trois hypothèses» à ce sujet. «Premièrement, indiquera-t-il, si l'on se restreint à la visibilité du croissant en Algérie et pour les pays arabes au cours de la nuit du 16 juillet qui correspond au 29éme jour du Ramadan, le croissant est pratiquement impossible à voir parce qu'il se couche avec le soleil d'une façon quasi simultanée. Donc, on serait dans ce cas de figure amené à compléter 30 jours de jeûne et l'Aïd El Fitr sera célébré le samedi 18 juillet». Dans la seconde hypothèse, a poursuivi notre interlocuteur, et si l'on se base sur une observation du croissant lunaire à partir de l'Afrique du Sud ou, mieux encore, de l'Amérique du Sud, «comme c'est pratiqué par le comité national d'observation du croissant («Lajnette el Ahilla») ces dernières années», relève le professeur Djamel Mimouni, dans ce cas le croissant peut être observé au télescope à partir de l'Afrique du Sud, et à l'œil nu en Amérique du Sud. Et dans ce cas, l'Aïd sera fixé pour le vendredi 17 juillet, soit un ramadhan de 29 jours». Pour la 3e hypothèse qui se base sur une observation tout à fait erronée dont l'origine serait les pays du Golfe, «en particulier l'Arabie Séoudite, comme cela a été trop souvent le cas ces dernières années», a tenu à préciser le professeur Mimouni, cela fera que tous les pays arabes suivront, dont peut être l'Algérie. Et dans ce cas, l'Aïd-el-Fitr sera décrété aussi le vendredi. Et de faire observer que la différence entre le second et le troisième scénario qui penchent pour la journée du vendredi, c'est que le second est acceptable par ce qu'il se base sur une visibilité possible du croissant lunaire. Tandis que la troisième hypothèse est inacceptable rationnellement, scientifiquement, sur un plan civilisationnel et islamiquement parlant, du fait qu'elle se base sur une impossibilité scientifique. «Et ce serait honteux que l'Algérie se base, non pas sur des données, mais sur quelque chose d'impossible pour fixer l'Aïd», a souligné Mimouni. Considérant que le comité de l'observation du croissant est la seule autorité officielle à déclarer la journée de l'Aïd El Fitr, il formulera l'espoir que celui-ci prenne en considération tous les éléments scientifiques qui lui seront fournis par le représentant du CRAAG.

Il faut reconnaître que ces hypothèses qui renforcent l'ambiguïté autour de la date du premier jour de l'Aïd ont donné libre cours aux lectures approximatives ou erronées. Qui peut conclure avec certitude si les explications scientifiques que nous avons désignent une date ou une autre ? Le professeur Mimouni nous a avoué à ce propos que lui-même n'a pas tranché la question. Les autres, ceux qui avancent le vendredi ou le samedi avec force conviction, «Ils ont interprété nos explications comme ils ont voulu, selon leur propre penchant de probabilité ou de conditionnalité», en convient notre interlocuteur.