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Malgré les vagues de refoulement : Les Subsahariens réinvestissent les carrefours de la ville

par K. Assia



Depuis maintenant plus d'un mois, les citoyens oranais ont remarqué un retour en masse des Subsahariens, après une brève éclipse qui n'aura finalement duré que quelques semaines. Que ce soit à Medina Djedida, Aïn El Beïda, Chteïbo, ou dans la plupart des carrefours de la ville, des enfants mais aussi des adultes ont repris les espaces qu'ils occupaient auparavant pour apostropher les automobilistes en quête d'une pièce d'argent. La nouveauté, à certains carrefours de la ville, les Subsahariens sont concurrencés par des familles syriennes, mais cela ne semble pas gêner outre mesure les deux parties.

Généralement regroupés en deux voire trois familles, les migrants subsahariens se cotisent entre eux pour la location d'une ou deux pièces dans les localités de Aïn El Beïda et Chteïbo. Des habitants de Aïn El Beïda affirment que les Subsahariens qui avaient fait l'objet de refoulement ont été rapidement remplacés par d'autres familles qui se sont installées dernièrement dans la localité et qui se fondent dans la population locale aisément. Aidés par d'anciens Subsahariens qui se sont «sédentarisés», les nouveaux venus ne trouvent aucune peine à trouver une location au prix dérisoire, avant d'être «briefés» sur les endroits et carrefours non encore occupés.

«La présence massive de ces migrants risque de prendre de l'ampleur surtout en cette saison de fortes chaleurs et où Oran s'apprête à accueillir un afflux considérable de visiteurs», appréhende un habitant. Malgré les opérations de rapatriement menées par les autorités locales notamment pour le cas des Subsahariens, ces derniers sont de retour. Ces réfugiés squattent désormais les alentours de l'université des langues et quelques carrefours notamment à hauteur de l'école Cherfaoui, Haï Es-Sabah, les Amandiers et autres carrefours. Ces migrants en majorité des femmes et des enfants vivent de mendicité, une situation devenue de plus en plus difficile à la fois pour ces réfugiés et pour les riverains.

En avril dernier, pas moins de 87 Nigériens ont été reconduits aux frontières, selon un dernier bilan communiqué par le bureau du Croissant-Rouge algérien CRA d'Oran. Cette opération s'est déroulée en présence des autorités locales dont les services de la direction des affaires sociales, le CRA, les services de la police et de la gendarmerie. Trois bus ont été mobilisés pour reconduire ces familles vers le centre de transit de Tamanrasset. Cette décision n'est pas fortuite mais faite suite à une demande officielle formulée par les autorités du Niger. Ces réfugiés avaient pénétré par le biais de la frontière algéro-nigérienne, en passant par Tamanrasset, puis Ghardaïa pour enfin atterrir à Oran. Une ville que ces réfugiés considèrent comme un lieu idéal pour survivre même s'ils utilisent souvent la mendicité qui reste pour eux la seule alternative pour nourrir leurs enfants.

Certains se sont même installés dans des habitations de fortune dans le quartier d'El Hassi. Toutefois ce phénomène n'a pas été sans susciter la réaction des habitants au niveau de certains quartiers. Certains riverains soucieux des conséquences que peut générer ce fléau avaient lancé plusieurs appels en faveur des pouvoirs publics pour que des mesures urgentes soient prises afin d'éviter l'irréparable. Après avoir fui dans un premier temps le centre d'accueil de Boufatis, les Subsahariens représentés principalement par des Nigériens et des Maliens devaient être transférés vers la zone industrielle de Hassi Ameur.

Les services de la wilaya d'Oran avaient, rappelons-le, retenu un camp d'accueil devant les abriter. Une action qui n'a pas abouti puisque les Subsahariens avaient réinvesti de nouveau les différents quartiers de la ville dont les alentours de la gare routière de Yaghmoracène. Face à l'anarchie, plusieurs actions ont été menées dont celle entamée par la direction de la santé. Une vaste campagne de prise en charge des ressortissants nigériens a été lancée en décembre dernier par l'établissement public de santé de proximité EPSP de Haï Bouamama. Celle visant à améliorer la prestation et surtout à développer l'action de proximité a ciblé plus de 200 Nigériens. Les auscultations médicales ainsi que la vaccination ont concerné enfants et adultes toutes tranches d'âge confondues. Les équipes ont procédé à la vaccination des enfants non ou mal vaccinés avec la mise en place d'un calendrier vaccinal. En plus de la prévention, le personnel de l'EPSP a dû faire également dans la sensibilisation des familles contre les différentes maladies qu'ils peuvent contracter.

Par ailleurs, l'opération de regroupement lancé vers la fin du mois de décembre dernier a été favorablement accueillie par les habitants. Seuls les Subsahariens nigériens ont été concernés par ce rapatriement vers leur pays. L'Algérie a reconduit en à peine un mois plus de 1.800 migrants clandestins nigériens dans leur pays, en grande majorité des enfants et des femmes. Au total, quelque 3.000 migrants sans emploi et qui vivent malheureusement de la mendicité devraient être rapatriés d'Algérie, avait expliqué, fin novembre, le Premier ministre nigérien.