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TEBESSA: C'est déjà l'Aid El Fitr

par A.Chabana

Huit heures, Tébessa se réveille, lentement, de sa torpeur d'un mois de Ramadhan qui tire à sa fin. Quelque temps, plus tard, les premiers arrivés des localités voisines, descendent des bus et taxis. Certains commerces lèvent leurs rideaux et de jeunes revendeurs installent leurs étals de fortune. Défiant toute logique, les jusqu'au-boutistes persistent et signent, encore et toujours : pas question de céder un morceau de terrain de la place ex-Carnot, qui présente, pourtant, un sol éventré et des ruelles crevassées, dans une marmelade de pierres, de poussières et d'ordures ; une image surréaliste d'affliction.

Pendant ce temps, le mois de ramadhan nous fait vivre ses derniers instants et l'on se prépare, dans chaque foyer, à accueillir la fête de l'Aïd el fitr. De nouveau, la machine à consommer se remet en marche, ainsi et en dépit de tout, les gens achètent et donc dépensent. Au moment où, les prix de certains produits s'affolent, Aïd el fitr, synonyme de confiserie et gâteaux maison, sucreries incontournables, pour la réception d'invités, lors d'une cérémonie de circoncision ou d'un retour de Omra. Pour s'en offrir, il faut débourser plus, car les ingrédients et intrants nécessaires à leur fabrication coûtent, en cette période, plus cher. Amandes, cacahouètes, pistaches et autres noisettes ne sont plus à la portée de beaucoup de gens. Les magasins spécialisés en fruits secs concassés, (moukassirate), nous ne cessons de le répéter, affichent des prix qui ont augmenté d'une façon significative, ces derniers temps.

Les étals d'articles d'habillement suivent la même tendance, à savoir la hausse des prix, mais quand on désire quelque chose, on ne compte pas et les enfants recevront, malgré tout, de nouveaux vêtements. Maman prend l'initiative pour faire les magasins, on marchande par-ci, on tâte par-là, sauf qu'une paire de chaussures, un ensemble jeans ou une robe pour la petite, de qualité moyenne, valent leur prix. Et pour expliquer la cherté des marchandises exposées, les commerçants évoqueront toutes les tracasseries qu'ils subissent pour s'approvisionner dans les marchés d'El Eulma, Ain Fakroun, El Khroub ou parfois de Turquie. Dans la moiteur des nuits ramdhanesques, les rues commerçantes sont prises d'assaut, des centaines de personnes viennent, de partout, goûter aux senteurs propres à ce mois sacré. On se presse pour faire ses emplettes, car la nuit est courte et les enfants commencent à ressentir la fatigue de la longue randonnée.