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Pouvoir et opposition, le jeu de dupes

par Moncef Wafi

On en sait un peu plus sur les intentions d'El Mouradia concernant l'opposition après la rencontre entre Ouyahia, en tant que chef de cabinet de la présidence et Mokri, le président du MSP. Au-delà de l'aspect protocolaire de l'entretien, on retiendra davantage la volonté des décideurs de renouer le dialogue avec les tenants de l'opposition.

Ainsi, Ouyahia, parlant au nom de Bouteflika, a invité les acteurs politiques regroupés autour de l'Instance de suivi et de coordination de l'opposition (ISCO) et la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD) à venir dialoguer au siège de la présidence. Nouvelle approche d'apaisement avec l'opposition, tentative de «réconciliation» politique, il n'en demeure pas moins qu'on est loin du verbe inquisiteur et des menaces à peine voilées lancées, il y a quelques mois seulement, contre cette même opposition accusée d'être tout bonnement une ennemie de l'Algérie.

Cette initiative qui vient en droite ligne du discours de Bouteflika à l'occasion du 5 Juillet, augure à priori d'une nouvelle page des relations entre les deux parties. Diversion, gain de temps, les sceptiques verront derrière cette démarche la volonté de Bouteflika d'occuper l'opposition pour un certain temps et pourquoi pas la fragiliser de l'intérieur à travers des approches individuelles. Dans cette promotion du dialogue avec toutes les sensibilités politiques, d'autres y verront certainement une manœuvre de plus de Bouteflika pour créer une troisième voie, à l'image de la proposition du FFS, et dissoudre l'unité affichée par les partis de l'opposition. Quoi qu'il en soit, l'opposition n'est pas dupe et c'est Mokri lui-même qui le reconnaît en affirmant ignorer s'il existe «une réelle volonté du pouvoir de négocier» avec elle.

Ce rendez-vous de jeudi renseigne également sur la place que prend désormais Ouyahia sur l'échiquier politique national. L'homme s'inscrit dans une logique de présence, d'accaparement de l'espace et semble devenir incontournable. Déjà aux commandes des consultations sur le projet de la révision de la Constitution où il a pu rencontrer des personnalités aussi diverses que controversées, il revient plus que jamais conforté à la tête de son parti, le RND. Ouyahia qui n'a jamais réellement quitté les arcanes du pouvoir, nommé peu de temps après son éviction du RND comme ministre d'Etat, directeur de cabinet de la présidence, il est considéré comme l'un des favoris à la succession de Bouteflika même si ce dernier avait déclaré aller au terme de son quatrième mandat.