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L'œuf bradé à 5 dinars !

par A. Mallem

« On se souviendra encore longtemps de ce Ramadhan 2015. Ce fut à juste titre un mois très clément en matière de prix de produits de large consommation», nous a lancé, hier, un père de famille en faisant allusion au prix des fruits et légumes et d'autres produits de large consommation qui ont évolué à la baisse durant tout le mois de carême qui s'achève. Et ce citoyen avait des raisons de parler ainsi car il venait d'acheter de chez un marchand ambulant stationné devant sa maison deux plaquettes d'œufs totalisant une soixantaine de pièces pour 300 dinars. Soit un œuf à 5 dinars ! Autant dire la moitié du tarif pratiqué habituellement par les commerçants avant le mois de carême. «Impensable en temps normal où vous êtes obligés d'acheter le même œuf jusqu'à 12 dinars pièce», ajoute notre vis-à-vis.

Au bord de la route, vendredi à la sortie des mosquées, aux portes des marchés populaires et dans les quartiers de la ville, les citoyens ont remarqué ces derniers jours que les marchands d'œufs à la criée se sont multipliés et proposent des plaquettes contenant des œufs, de calibre moyen certes, «mais tout de même avec un prix alléchant, de moitié moins que celui pratiqué dans les épiceries des quartiers», rétorque un autre acheteur en se pointant devant la fourgonnette du marchand.

Etonnés par ce paradoxe de baisse drastique du prix des œufs durant le Ramadhan, période où, généralement, les prix ont plutôt tendance à prendre de la hauteur, nous avons demandé des explications à des bouchers, à des marchands de volaille et à des spécialistes bien au fait de ce marché. Selon les premiers, c'est une période propice à la ponte, où la production est à son summum car les batteries des producteurs fonctionnent à plein régime. Ensuite, ajoutent les seconds, il faut prendre en considération le facteur Ramadhan où la restauration publique à grande échelle, restaurants et établissements scolaires sont fermés, où la patisserie marchande ne marche pas bien, où les cérémonies de mariage sont en stand-by. Ce qui fait, ajoutent les troisièmes, que la production n'arrive pas à s'écouler et que les producteurs sont obligés de la brader. Ajoutez à cela, les grandes chaleurs, ont déclaré de concert nos interlocuteurs, et vous comprendrez que les producteurs font tout pour essayer de vendre de crainte de voir la marchandise pourrir. Et cela provoque, bien sûr, la baisse des prix à laquelle nous assistons maintenant avec ravissement.

«Attendez l'après-Ramadhan, tempéra le boucher, et vous verrez comment les tarifs vont revenir à leur niveau habituel et prendre même de la hauteur car ils seront boostés par les cérémonies de mariage, les vacances aux plages où les plats à base de frites-omelettes seront rois, où les crémeries qui sont à l'arrêt vont reprendre du service, etc.».