Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Affaire Khalifa Bank : Une facture d'hôtel de ? 56 milliards

par Tahar Mansour

Les prévenus appelés à la barre par le président du tribunal criminel, M. Antar Menouar, en ce treizième jour du procès, ne sont pas comme les autres : ils sont accusés d'avoir causé des torts à Khalifa Bank ! Le premier à rejoindre la barre fut M. Belkacem Rabah, ancien directeur des moyens généraux à Khalifa Airways, accusé d'abus de confiance dont a été victime Khalifa Bank. Le prévenu est accusé d'avoir gardé la voiture de service qu'il a utilisée bien longtemps après la liquidation de Khalifa Airways. En réponse à la question du président sur les causes qui l'ont poussé à ne pas rendre la voiture de service, il rappela qu'il a travaillé longtemps après l'arrêt de la société avec le liquidateur et qu'il l'utilisait, donc, pour ses déplacements dans ce cadre. En outre, il déclara que sa femme était mourante et qu'il se déplaçait, constamment, entre l'Algérie et la France pour voir sa femme qui est décédée aussitôt après, ce qui l'a empêché de penser à rendre la voiture de marque Golf Série 4. Il rappela, enfin, qu'il a procédé à sa restitution, le 4 avril 2005, aux gendarmes qui l'avaient interpellé pour cela. En réponse à une question du procureur général, M. Belkacem nie avoir gardé la voiture dans le but de se l'approprier ni pour l'utiliser à des fins personnelles. Enfin et concernant les billets d'avions gratuits, il reconnut avoir bénéficié de deux voyages gratuits : l'un en Algérie et l'autre à l'étranger, mais il estimait que : « c'était un droit légitime des travailleurs, et comme j'étais un employé de la compagnie d'aviation, je pensais que j'étais dans mon droit » a-t-il précisé.

MADJDA LAGGOUN : «LE MOT ABUS DE CONFIANCE M'A BEAUCOUP AFFECTEE, ALORS QUE JE N'AI PAS VOLE CES VOITURES»

Propriétaire d'une entreprise spécialisée dans le conditionnement des produits d'alimentation pour l'hôtellerie, Mme Madjda Laggoun se dit étonnée d'être poursuivie pour abus de confiance, alors qu'elle n'avait fait que louer deux voitures, une Toyota et une Toyota Ico, auprès de Khalifa Rent a Car. Elle a été la deuxième à être appelée à la barre pour répondre de ces accusations. Questionnée sur les raisons pour lesquelles elle n'avait pas restitué les deux voitures au liquidateur, elle affirma qu'elle avait l'intention de les racheter et qu'elle a obtenu l'accord verbal du liquidateur mais elle n'a aucun document qui prouve ses dires. Elle précisa que les voitures avaient été louées pour être utilisées dans le cadre des déplacements professionnels de ses employés. Elle nia avoir eu l'intention de s'approprier les deux voitures, après la liquidation de Khalifa Bank et des filiales du groupe Khalifa.

BOUKERMA KARIM : «JE N'AI PAS RENDU LA VOITURE AU LIQUIDATEUR CAR J'IGNORAIS JUSQU'A SON EXISTENCE»

M. Boukerma Karim était chauffeur à la présidence de la République mais il démissionna pour intégrer le groupe Khalifa en qualité de chargé de la sécurité de Khalifa TV, à Chéraga et il est maintenant accusé d'abus de confiance après qu'il n'ait pas rendu la voiture de service qui était en sa possession, lors de la liquidation du groupe Khalifa. L'accusé dit avoir regretté d'avoir travaillé au sein du groupe Khalifa, mais il a, quand même, réintégré son ancien poste après la mise en liquidation du groupe Khalifa. Seulement il n'a rendu la voiture qu'après avoir été convoqué par les gendarmes qui lui ont demandé de la leur remettre.

LADJLET LILYA : DE CHARGEE DE LA CLIENTELE A ATTACHEE A LA DIRECTION DU GROUPE KHALIFA

Ladjlat Lilya a occupé au début de son recrutement le poste de chargée de la clientèle et du personnel de Khalifa Airways, pour lesquels elle réservait les chambres d'hôtel et s'occupait de leurs séjours. Mme Ladjlet est, aussi, accusée d'abus de confiance, à l'encontre de Khalifa Bank. En réponse aux questions du juge Antar Menouar, elle affirma qu'elle a été recrutée au vu de ses diplômes, puisqu'elle est titulaire d'une licence en droit, et non après l'intervention de sa sœur qui travaille dans une banque étatique. Elle nia aussi toute intervention pour faire recruter sa sœur en qualité d'hôtesse au sein de Khalifa Airways ni pour l'obtention d'une place pour une formation de pilote dont a bénéficié son frère, qui est actuellement pilote à Air Algérie. Elle reconnaît aussi, avoir participé à des diners d'affaires avec les clients et les fournisseurs étrangers et nationaux de Khalifa Airways mais : « tout cela était dans le cadre de mon travail » a-t-elle précisé. Elle reconnaît, aussi, avoir bénéficié d'une voiture de service pour ses déplacements, dans le cadre de ses différentes missions, au sein du groupe ainsi que d'un téléphone portable. Mme Ladjlet avoue aussi avoir bénéficié d'un prêt d'un montant de 130 millions de centimes de la banque de Khalifa mais qu'elle l'a remboursé dans sa totalité. Enfin, elle déclara que Khalifa Airways avait loué, à l'année 100 chambres à l'hôtel Hilton d'Alger et le procureur général lui fait remarquer que la facture relative à ces chambres s'est élevée à la somme trop importante de plus de 56 milliards de centimes.