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Lamamra-Messahel, deux en un

par El Yazid Dib

La politique ne connaît ni logique ni morale et n'est pas une science exacte. Elle n'est qu'intérêt, manœuvre et survie. Remanier un gouvernement c'est toujours un indice d'une nouvelle orientation, d'une destination neuve. En toute attente, il est de bon droit que des commentaires aient lieu. Les uns portent sur la nature, la justesse, l'opportunité et l'identité des structures ministérielles créées ou celles supprimées, les autres sur le profil du récipiendaire. Le fait de rattacher une prérogative à un département en l'ôtant à un autre, devrait dans le management fonctionnel obéir à une redéfinition politique ou à de nouvelles perspectives stratégiques. Si l'environnement, comme la ville, reste collable à toute généralité, il ne peut y avoir la même inconstance dans un ministère régalien, de souveraineté et de surcroît ayant pignon au-delà les frontières et n'agissant qu'en dehors de celles-ci. Les fameuses AE. L'un est un ministre des Affaires étrangères, l'autre en est de même pour une partie continentale de ces mêmes affaires. Comme un proprio d'un appart auquel l'on soustrait une pièce ou une loggia. Une copropriété adultérine. Personne n'est superposé à l'autre. En moins de quelques petits jours après un remaniement censé être réfléchi et qui n'en finit pas de dire ses ultimes sautes d'humeur, les coquilles viennent se corriger, les lacunes se combler, estime-t-on en haut. Le premier se retrouve en conséquence nanti de ministre d'Etat, un simple arrangement protocolaire, le second se voit faire remplacer la coopération internationale par la Ligue arabe.

Bourde ou intention ? Lamamra gagne en sympathie. Son aura, dit-on, est perceptible tant dans le pouvoir que chez l'opposition. A l'intérieur comme à l'extérieur. Ses gains diplomatiques masquent bien les inconvenances internes. C'est le Bouteflika du siècle en cours. Son charme est un professionnalisme, son sourire un style diplomatique. Cette stature commence-t-elle à éblouir un devenir imprécis et lancer ses jets de lumière sur un avenir incertain ? Amputer ses espaces en lui grignotant des parcelles africaines, maghrébines et arabes ne serait-il pas d'un instinct manœuvrier à même de pâlir les rêveries qu'on lui prêterait ? En l'état, si le cas s'avère être un mode opérationnel, une rançon de gloire concertée à le faire dévaler la pente de la disgrâce ou le faire désillusionner est de mauvais goût et complètement mal indiquée. La descente en enfer a toujours plusieurs escaliers. Si cependant c'est un cas de mauvaise ou précipitée rédaction du premier communiqué, c'est grave. Car venant d'un sommet solennel.

Le rectificatif disculpe peut-être la bourde, mais ne supprime pas l'intention.