« Je ne suis pas historien, mais j'affirme que la grève des étudiants, en
Algérie et en France, est un événement qui a changé le cours de l'histoire de
la Révolution. Ceux qui ont rejoint le maquis après la grève ou ceux restés en
ville, ceux qui sont retournés au pays ou ceux qui ont préféré continuer leur
lutte à l'étranger, tous ont participé à l'éveil du pays», a déclaré,
solennellement, M. Mohamed Esseghir Hamrouchi, cette mémoire vivante des événements
du 19 mai 1956, la Journée de l'Etudiant. Une journée célébrée, hier, pour la
59ème fois, sous le signe de « Pacte avec la Patrie par la science et le
travail », à l'amphithéâtre de l'Université ?Mentouri' en présence du wali, des
présidents des universités, de moudjahidine, des représentants de l'ANP, la
Gendarmerie, la Sûreté, le secrétaire de la wilaya de la Coordination des fils
de chouhada, le secrétaire général de l'Organisation des moudjahidine, le P/APW
et le P/APC. Face à une assistance nombreuse, ce moudjahid, l'un des étudiants
constantinois qui ont participé au soulèvement des étudiants contre le
colonisateur français, a retracé, les moments les plus marquants de cet
événement. Il est remonté au 29 mars 1956, quand, les Fidaïnes, avaient éliminé,
à Constantine, un Commissaire divisionnaire français. Le fils de ce dernier,
pour le venger, a pris son arme et a commencé à tuer tous les Algériens qu'il
trouvait dans la rue. «Ahmed Rédha Houhou, fut l'un de ces martyrs, une
opération monstre de ramassage a été déclenchée, pendant la nuit, tous les
hommes de plus de 15 ans, ont été tués, à El Kantara, ou à Oued Hmimine. Les
ossements de Ahmed Rédha Houhou, furent découverts, lors de la construction de
l'usine de Oued Hmimine, on l'a reconnu par son pyjamas ». Le 12 mai 1956, a eu
lieu l'opération du ?café des juifs', où furent abattus des juifs. En
représailles, des extrémistes juifs, avec la complicité de l'armée française,
ont tué des dizaines d'Algériens, le deuxième jour de l'Aïd. « Quand je me rappelle,
maintenant de ces moments, je me dis qu'il faut être fou pour faire ça, à
travers l'organisation d'étudiants de Constantine, révoltés, on a décidé
d'organiser une marche vers le Coudiat, le 19 mai 1956 et demander la
libération de l'Algérie. Les services de sécurité, faisant bien leur travail,
on s'est retrouvés, donc, face à une embuscade, et fichés au commissariat,
battus, tabassés dans l'hôtel de Police ». «Ironie du sort, continuera t-il, en
1962, j'ai repris les clés de ce même hôtel ». Il affirma, à la fin de son
intervention que, ces actions ont donné un nouveau souffle au mouvement de
Libération. « Le volet santé est devenu plus organisé, l'administration aussi,
on faisait des rapports et des lettres hebdomadaires codées, on a écrit des
livres, chacun avait, selon un statut en bonne et due forme, rédigé par le
juriste, M. Allaoua Ben Baatouche, ses propres prérogatives, les femmes
moudjahidate, les gardes champêtres». Dans la wilaya II, les moudjahidine qui
représentaient la classe estudiantine, sont venus de partout : de France, de
Syrie, de Tunisie, de l'est, de l'ouest, et du sud de l'Algérie. « Docteurs,
étudiants, lycéens, ils ont, tous, répondu à l'appel de grève lancé par un
peuple révolté, ils ont renoncé à de belles carrières pour servir leur pays »,
dira t-il à la fin.