Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Raids au Yémen en dépit de l'annonce de l'arrêt de la campagne aérienne

par Fawaz Al-Haidari, Avec Jamal Al-Jabiri A Sanaa De L'afp

L'aviation de la coalition menée par l'Arabie saoudite a lancé hier mercredi de nouveaux raids contre des rebelles au Yémen en dépit de l'annonce la veille de la fin de la campagne aérienne pour soutenir les forces loyales au président en exil.

Les raids ponctuels de mercredi étaient destinés à desserrer l'étau autour de la Brigade 35 blindée, restée fidèle au président Abd Rabbo Mansour Hadi et dont le camp près de Taëz venait d'être investi par des rebelles chiites Houthis, soutenus par l'Iran. Un rassemblement de ces derniers a aussi été visé dans cette même ville, la troisième du Yémen. En proclamant mardi soir la fin de la campagne aérienne intensive déclenchée le 26 mars, l'Arabie saoudite a affirmé que la coalition se réservait le droit de bombarder, au cas par cas, des mouvements suspects d'insurgés. Le porte-parole de la coalition, le général Ahmed al-Assiri, a souligné en outre que le blocus maritime du Yémen serait maintenu. L'annonce de l'arrêt des frappes aériennes a été saluée aussi bien par Téhéran que par Washington, qui ont appelé séparément à la relance de négociations pour une solution politique. L'ex-président du Yémen Ali Abdallah Saleh, allié aux Houthis, a lui aussi bien accueilli la décision de Ryad et espéré que «tout le monde coopèrera pour revenir au dialogue et trouver des solutions, loin de paris qui peuvent s'avérer perdants et coûteux». Les Houthis n'ont pas immédiatement réagi mais ont libéré, dans un geste de bonne volonté, trois personnalités capturées le 25 mars dans le sud. Il s'agit du ministre de la Défense Mahmoud el-Soubeihi et de deux généraux, dont Nasser Mansour Hadi, l'un des frères du président en exil. En dépit du succès revendiqué par Ryad lors de la campagne visant à restaurer l'autorité de M. Hadi, la capitale Sanaa reste aux mains des rebelles et de violents affrontements continuent de secouer le sud du pays. Des combats ont ainsi opposé hier les rebelles aux partisans du président Hadi à Taëz et dans les villes sudistes d'Aden, de Dhaleh et de Houta, selon des résidents.

Simultanément à l'arrêt des raids, la coalition a annoncé le début d'une nouvelle phase, baptisée «Redonner l'espoir», en vue de la reprise du processus politique au Yémen, de la fourniture d'une aide humanitaire et de la «lutte contre le terrorisme» dans un pays où Al-Qaïda reste très actif. La situation humanitaire a atteint un niveau alarmant. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde mardi contre un effondrement imminent des systèmes de soins, en raison de pénuries de médicaments et de coupures permanentes d'électricité. L'OMS a fait état d'un bilan de 944 morts et 3.487 blessés -civils et militaires- au Yémen entre le 19 mars et le 17 avril. Selon le ministère saoudien de la Défense, les frappes aériennes sont parvenues «avec succès à éliminer les menaces pesant sur la sécurité de l'Arabie saoudite et des pays voisins». Il a fait état de la «destruction d'armes lourdes et de missiles balistiques qui avaient été saisis par la milice Houthie et les forces de (l'ex-président) Ali Abdallah Saleh dans des bases et camps de l'armée».

Dans un discours retransmis à la télévision depuis Ryad où il est réfugié, le président Hadi a promis «la victoire». «Nous allons bientôt retourner dans notre patrie, à Aden et à Sanaa», a-t-il assuré. L'annonce de la fin de la campagne aérienne est intervenue après des mouvements de l'US Navy, qui a rapproché un porte-avions du Yémen pour surveiller un convoi de navires iraniens soupçonnés de se diriger vers ce pays. Ce déploiement permet aux Etats-Unis de «préserver leurs options», selon le Pentagone. Après avoir salué la fin des bombardements, le Pakistan, qui n'a pas pris part à la coalition arabo-sunnite, a décidé de dépêcher une délégation de haut rang en Arabie saoudite pour discuter de la situation au Yémen.

Le Premier ministre Nawaz Sharif, le chef de l'armée Raheel Sharif, le ministre de la Défense Khawaja Asif et le numéro deux de la diplomatie pakistanaise Aizaz Ahmed Chaudhry sont attendus jeudi à Ryad. Depuis le début de la crise au Yémen, le Pakistan tente de ménager son allié saoudien -qui lui fournit une précieuse aide économique et du pétrole au rabais- et son voisin iranien qui soutient la rébellion des Houthis.

Signe que les problèmes sont loin d'être réglés au Yémen, sept membres présumés d'Al-Qaïda ont été tués dans la nuit dans une attaque de drone américain contre leur voiture à Moukalla, capitale de la province du Hadramout contrôlée depuis début avril par le réseau extrémiste, selon des témoins.